đŠ Se Sacrifier Pour Le Bonheur Des Autres
DetrĂšs nombreux exemples de phrases traduites contenant "se sacrifier pour le bien d'autrui" â Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises.
Cequâon peut savoir, câest si on a rĂ©uni les trois conditions favorisant le bonheur. Nuance. Si lâune de ces conditions nâest pas remplie pendant trop longtemps, le bonheur est improbable.
Checkout this great listen on Audible.com. Je reviens vers vous avec un nouvel épisode sur le thÚme des relations "nous et les autres" et on va reparler d'un de nos sujets de départ: "laisser passer les autres avant soi". Cet épisode est une version
Jene sais pas si le titre est bien choisi, mais 10 h : les liquidateurs de Fukushima se préparent à mourir Le site
Elleécrit depuis bientÎt trois ans pour Terrafemina. "Au bonheur des vulves", le manuel pour chérir la sienne. Un guide "facile à comprendre, à intégrer et qui donne des clés" pour lutter
Notrebonheur passe aussi en faisant celui des autres mais si on se pose la mĂȘme question que toi c'est qu'il y a un dĂ©sĂ©quilibre. Cela peut venir du fait que l'on accorde trop d'importance au regard des autres. StĂ©phane Luxeuil. Anciennement Cariste L'auteur a 405 rĂ©ponses et 146,8 k vues de rĂ©ponse 2 ans.
Comprendrelâautre. Si tu te demandes si tu dois te sentir responsable du bonheur des autres, il faut dĂ©jĂ ĂȘtre en mesure de dĂ©finir ce que câest que le bonheur pour ces personnes. Peut-ĂȘtre que tu fais des sacrifices pour une personne alors que cela ne contribue mĂȘme pas Ă son bonheur ! Peut-ĂȘtre que tu as lâimpression de tout
Le30 aoĂ»t 2020 Ă 01:28:26 Blakinto a Ă©crit :Le - page 3 - Topic Quâest-ce que vous ĂȘtes prĂȘts Ă sacrifier pour atteindre le bonheur ? du 30-08-2020 00:48:03 sur les forums de jeuxvideo.com
Lelion prend une décision absurde de réunir un conseil pour trouver un « bouc émissaire » et le sacrifier pour les sauver de la Peste. « La Peste [] capable d'enrichir en jour l'Achéron » v4-5, la peste fait beaucoup de morts. « Que le plus coupable de nous se sacrifie aux traits du céleste courroux » v18-19, le lion pense qu'avec un sacrifice tout s'arrangera
Qyf9w. Matthieu Ricard nâest pas stoĂŻcien mais bouddhiste. Ancien chercheur en gĂ©nĂ©tique cellulaire, il vit Ă prĂ©sent dans lâHimalaya et est lâinterprĂšte français du DalaĂŻ-Lama. Pourquoi parler de son livre Plaidoyer pour le bonheur alors ? Eh bien, parce que le Bouddhisme et le StoĂŻcisme ont Ă©normĂ©ment de ressemblances. De la notion de bonheur Ă lâĂ©thique de la vertu, lâouvrage Ă©claire dans un mĂȘme mouvement des concepts communs â mais aussi diffĂ©renciĂ©s â aux deux systĂšmes. Quâest-ce que le bonheur ? Quâest-ce que le bonheur ? Dans la perspective du bouddhisme, il sâagit dâun Ă©tat de bien-ĂȘtre durable et dâun sentiment dâĂ©panouissement total, en adĂ©quation avec notre nature humaine. Câest une disposition intĂ©rieure et ancrĂ©e en nous qui sâaccompagne dâune perception claire et lucide de la rĂ©alitĂ© des choses. Lâauteur dit la chose suivante Jâentendrai ici par bonheur un Ă©tat acquis de plĂ©nitude sous-jacent Ă chaque instant de lâexistence et qui perdure Ă travers les inĂ©vitables alĂ©as la jalonnant » Et plus loin La recherche du bonheur ne consiste pas Ă voir la vie en rose », ni Ă sâaveugler sur les souffrances et les imperfections du monde. Le bonheur nâest pas non plus un Ă©tat dâexaltation que lâon doit perpĂ©tuer Ă tout prix, mais lâĂ©limination de toxines mentales, comme la haine et lâobsession, qui empoisonnent littĂ©ralement lâesprit. Pour cela, il faut acquĂ©rir une meilleure connaissance de la façon dont fonctionne ce dernier et une perception plus juste de la rĂ©alitĂ©. » Comprendre le fonctionnement de lâesprit et percevoir le monde extĂ©rieur comme il est, câest mettre en adĂ©quation notre pensĂ©e et les choses, câest accĂ©der Ă la vĂ©ritĂ©. Le bouddhisme appelle ainsi Ă dĂ©construire les fabrications mentales. Par exemple, on trouve dĂ©sirable » ou indĂ©sirable » telle ou telle chose, bon » ou mauvais » tel ou tel individu et le moi » qui perçoit tout cela semble tout aussi concret ; en rĂ©alitĂ©, ces qualitĂ©s ne sont pas des caractĂ©ristiques essentielles de la chose mais on les ajoute comme si elles lui appartenaient. Câest cela qui nourrit notre mal-ĂȘtre et notre ignorance. Les choses ne contiennent donc pas les jugements de valeur et qualitĂ©s quâon leur attribue. On peut nĂ©anmoins dĂ©finir quelques caractĂ©ristiques essentielles. DĂ©jĂ , tous les phĂ©nomĂšnes sont interdĂ©pendants. Tout est relation, tout provient de la sĂ©rie de cause Ă effet, rien nâexiste en soi et par soi. Le bouddhisme Ă©voque cette idĂ©e en soulignant la vacuitĂ© dâexistence propre des phĂ©nomĂšnes et leur mode dâexistence interdĂ©pendant. La connaissance bouddhiste ou philosophique nâest donc pas une masse de savoirs et dâinformations mais elle consiste Ă dĂ©construire les fabrications mentales pour percevoir les choses telles quâelles sont. Le stoĂŻcisme parlerait ici de reprĂ©sentations/perceptions cataleptiques. Comme le dit Etty Hillesum, citĂ© par Matthieu Ricard le grand obstacle [au bonheur], câest toujours la reprĂ©sentation et non la rĂ©alitĂ© » Le bonheur est possible indĂ©pendamment des conditions dâexistence On pourrait penser quâacquĂ©rir un tel bonheur et une telle luciditĂ© exigent de longues retraites dans la nature, des conditions de vie favorables ou bien un niveau de sagesse prĂ©alable. Il nâen est rien. Nous possĂ©dons tous, de façon innĂ©e, un potentiel de progression vers le mieux-ĂȘtre. Matthieu Ricard ne cesse de le dĂ©montrer au fil de son argumentation et prĂ©sente des exemples saisissants. En voici cinq librement choisis dans le livre Heureux prisonnier. Fleet Maul est un AmĂ©ricain condamnĂ© en 1985 Ă vingt-cinq ans de rĂ©clusion pour une affaire de drogue. Il purge sa peine dans une prison aux conditions de vie insalubres cellules surpeuplĂ©es et incroyablement chaudes, pas de fenĂȘtre, pas de ventilation, pas dâendroit oĂč faire une petite marche. Les gens se disputent et hurlent. Quatre ou cinq tĂ©lĂ©visions fonctionnent en mĂȘme temps, en continu. Il commence Ă sâasseoir et Ă mĂ©diter dans cet environnement, tous les jours, jusquâĂ atteindre quatre Ă cinq heures de pratique quotidienne. Au bout de huit ans de dĂ©tention, il dĂ©clare que cette expĂ©rience lâa convaincu de la double vĂ©ritĂ© de la pratique spirituelle liĂ©e Ă la force de la compassion, et de lâabsence de rĂ©alitĂ© du âmoiââ. Câest incontestable ; ce nâest pas une simple idĂ©e romantique. Câest mon expĂ©rience directe. » Une vie belle et riche de sens⊠à Auschwitz. Etty Hillesum affirme, un an avant sa mort Ă Auschwitz quand on a une vie intĂ©rieure, peu importe, sans doute, de quel cĂŽtĂ© des grilles du camp on se trouve [âŠ]. Jâai dĂ©jĂ subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout mâest connu. Aucune information nouvelle ne mâangoisse plus. Dâune façon ou dâune autre je sais dĂ©jĂ tout. Et pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. Ă chaque instant. » Un au-delĂ des douleurs provoquĂ©s par la maladie. AprĂšs avoir vĂ©cu plusieurs mois au seuil de la mort dans dâatroces douleurs, Guy Corneau, psychanalyste canadien, finit par lĂącher prise ». Il cessa de se rĂ©volter contre une souffrance difficile Ă soigner, et sâouvrit au potentiel de sĂ©rĂ©nitĂ© qui est toujours prĂ©sent au plus profond de soi âcette ouverture du cĆur ne fit que sâaccentuer au fil des jours et des semaines qui suivirent. JâĂ©tais plongĂ© dans une bĂ©atitude sans nom. Un immense feu dâamour brĂ»lait en moi. Je nâavais quâĂ fermer les yeux pour mây abreuver, mâemplir et me rassasier⊠» Torture sans consĂ©quences. Tendzin Tcheudrak, mĂ©decin du DalaĂŻ-Lama, a subi dâeffroyables tortures et a passĂ© de nombreuses annĂ©es dans les prisons et les camps de travaux forcĂ©s chinois. Il crut Ă maintes reprises quâil allait mourir de faim ou des sĂ©vices quâon lui infligeait. Un psychiatre spĂ©cialiste du stress post-traumatique observe que Tendzin est sorti de cette Ă©preuve sans le moindre signe de ce syndrome post-traumatique. Malformation du corps, plĂ©nitude de lâesprit. Dans la province du Bumthang, au cĆur du royaume himalayen du Bhoutan, vit un homme-tronc. Il rĂ©side dans une petite cabane en bambou de quelques mĂštres carrĂ©s, en bordure dâun village. Il ne sort jamais et bouge Ă peine de son matelas posĂ© Ă mĂȘme le sol. Il urine par un petit tuyau et dĂ©fĂšque par un trou amĂ©nagĂ© dans le plancher au-dessus dâun ruisseau qui passe sous sa cabane bĂątie sur pilotis. Il vit lĂ depuis plus de quarante ans. Il manifeste constamment une mĂȘme attitude sereine, simple, douce et sans affectation. Les villageois viennent le voir pour rĂ©soudre les problĂšmes du village. Quand on lui fait un cadeau, il dit que ce nâĂ©tait pas la peine, en riant. On ne vient pas le voir par pitiĂ© ni mĂȘme empathie mais parce quâon passe toujours de bons moments avec lui. Et Matthieu Ricard de conclure cet homme a trouvĂ© le bonheur en lui, et rien ne peut le lui enlever, ni la vie ni la mort » Ces personnes Ă©taient-elles vraiment heureuses ? Voici ce que rĂ©pond lâauteur Ă celles et ceux qui en douteraient Ces personnes ont le droit de dire quâil est possible de prĂ©server soukha mĂȘme lorsquâon est soumis rĂ©guliĂšrement Ă la torture, parce quâelles lâont vĂ©cu pendant des annĂ©es et que lâauthenticitĂ© de leur expĂ©rience surpasse en force toute thĂ©orie » Soukha est un terme synonyme de bonheur que le bouddhisme utilise pour dĂ©signer lâĂ©tat de bien-ĂȘtre qui naĂźt dâun esprit exceptionnellement sain et serein. Matthieu Ricard explique plus prĂ©cisĂ©ment que Câest une qualitĂ© qui sous-tend et imprĂšgne chaque expĂ©rience, chaque comportement, qui embrasse toutes les joies et toutes les peines. Un bonheur si profond que ârien ne saurait lâaltĂ©rer, comme ces grandes eaux calmes, au-dessous des tempĂȘtesââ. Câest aussi un Ă©tat de sagesse, affranchie des poisons mentaux, et de connaissance, libre dâaveuglement sur la nature vĂ©ritable des choses. » Ce bonheur nâest pas celui que lâon entend au sens moderne et hĂ©doniste du terme, mais une stabilitĂ© intĂ©rieure qui permet dâapprĂ©cier pleinement les moments les plus heureux de lâexistence et dâaffronter avec la plus grande rĂ©silience les moments les plus difficiles. Ce bonheur-lĂ prĂ©cisĂ©ment est donc un Ă©tat accessible, y compris quand les conditions de vie sont propices Ă gĂ©nĂ©rer de la souffrance. Le stoĂŻcisme suit ici le bouddhisme. Ce que le bonheur nâest pas Pour complĂ©ter cette dĂ©finition du bonheur, il est intĂ©ressant de le distinguer de ce avec quoi il est souvent confondu. Matthieu Ricard consacre tout un chapitre Ă cela chapitre 4 les faux amis. Ainsi, le bonheur se distingue du plaisir, de lâintensitĂ©, de lâeuphorie et de la joie. Le plaisir Tout dâabord, le plaisir est lâombre du bonheur. Il est causĂ© par des stimuli agrĂ©ables dâordre sensoriel, esthĂ©tique ou intellectuel, dĂ©pend du contexte et est presque toujours liĂ© Ă une action ; alors que le bonheur est un Ă©tat dâĂȘtre, un habitus qui est ressenti aussi longtemps que nous demeurons en harmonie avec notre nature profonde. Le plaisir est Ă©galement Ă©vanescent sa rĂ©pĂ©tition attĂ©nue voire annule son effet. Matthieu Ricard donne cet exemple dĂ©guster un mets dĂ©licieux est source de rĂ©el plaisir, mais la chose nous indiffĂšre une fois que nous sommes rassasiĂ©s, et si nous continuons Ă manger nous en serons Ă©cĆurĂ©s. » Câest aussi une expĂ©rience individuelle, essentiellement centrĂ©e sur soi on peut Ă©prouver du plaisir au dĂ©triment des autres mais on ne saurait en retirer du bonheur. Certains Ă©prouvent du plaisir Ă se venger ou Ă torturer dâautres ĂȘtres humains. En soi, le plaisir nâest ni bon, ni mauvais. Tout dĂ©pend de la place quâon lui accorde dans notre vie Les plaisirs ne deviennent des obstacles que lorsquâils rompent lâĂ©quilibre de lâesprit et entraĂźnent une obsession de jouissance ou une aversion pour ce qui les contrarie [âŠ] sâil entrave la libertĂ© intĂ©rieure, il fait obstacle au bonheur ; vĂ©cu avec une parfaite libertĂ© intĂ©rieure, il lâorne sans lâobscurcir [âŠ] le plaisir devient suspect dĂšs quâil engendre le besoin insatiable de sa rĂ©pĂ©tition. » LâintensitĂ© Ensuite, lâintensitĂ© est le fait de chercher des expĂ©riences intenses pour se sentir vivre. Ce dĂ©sir conduit Ă prendre des risques qui nâen valent pas la peine descendre les chutes du Niagara dans un tonneau, nâouvrir son parachute quâĂ quelques mĂštres du sol, plonger Ă cent mĂštres sous lâeau en apnĂ©e, etc. Pour ces individus, une vie sans stimulations Ă©motionnelles, psychologiques ou physiques trĂšs intenses paraĂźt morne. Comme le dit SĂ©nĂšque, citĂ© par Matthieu Ricard il suffit quâils [ces individus] se retrouvent sans occupation pour quâils deviennent fĂ©briles parce quâils sont livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes » Ce mode de vie est une aliĂ©nation dans lâintensitĂ©. LâintensitĂ© nâest toutefois pas mauvaise en soi puisque le sentiment de plĂ©nitude et de libertĂ© intĂ©rieure apporte Ă©galement cette forte sensation de se sentir vivre, y compris en lâabsence de stimuli extĂ©rieurs. Câest ce que dĂ©montre Matthieu Ricard en Ă©voquant lâexpĂ©rience du flux, quâa thĂ©orisĂ©e le psychologue Mihaly Csikszentmihaly. Ce flux, qui est le fait dâĂȘtre absorbĂ© dans une activitĂ© et dâen oublier le temps qui passe, la fatigue, la faim, lâinconfort et mĂȘme sa propre identitĂ©, est tout Ă fait compatible avec une vie tournĂ©e vers la sagesse. On peut le ressentir en mĂ©ditation et/ou en pleine luciditĂ©. Il y a donc une intensitĂ© dans le bonheur mais toute intensitĂ© nâest pas heureuse. Lâeuphorie Lâeuphorie, pour sa part, est une exaltation jubilatoire rĂ©sultant dâune excitation passagĂšre. Mais, comme le dit lâauteur, tout enjouement superficiel qui ne repose pas sur une satisfaction durable sâaccompagne invariablement dâune rechute dans la morositĂ© » Des Ă©tudes ont ainsi montrĂ© que gagner le gros lot Ă la loterie entraĂźne un changement temporaire au niveau de plaisir mais peu de modifications Ă long terme dans le tempĂ©rament heureux ou malheureux des sujets concernĂ©s. La joie Finalement, la joie se distingue en deux catĂ©gories les joies qui ne sont pas liĂ©es au bonheur il y a mĂȘme des joies malsaines et la joie que le sage exprime de façon constante, sans exubĂ©rance. Cette joie, qui est un Ă©panouissement du cĆur, doit ĂȘtre associĂ©e aux autres composantes du bonheur vĂ©ritable â luciditĂ©, bontĂ© affaiblissement graduel des Ă©motions nĂ©gatives et cessation des caprices de lâego â pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciable. Les faux amis du bonheur ne sâopposent donc pas frontalement Ă lui ; ce sont plutĂŽt des sensations qui peuvent lâaccompagner sans avoir Ă©tĂ© recherchĂ©es pour elles-mĂȘmes. Le bonheur dĂ©pend-il vraiment de nous ? Cerner thĂ©oriquement le bonheur est utile pour mieux comprendre la façon dont il est possible de lâatteindre ; mais dĂ©pend-il vraiment de soi dâĂȘtre heureux ? Si Matthieu Ricard lâaffirme et le dĂ©montre plus ou moins tout au long du livre, câest le chapitre 21 qui apporte la rĂ©ponse la plus scientifique Ă ce sujet. La biologie est-elle complĂštement dĂ©terminante ? Dâune part, il est vrai que nous dĂ©pendons de notre rĂ©alitĂ© biologique. Certaines personnes ne ressentent pas la peur car leur amygdale dans le cerveau ne fonctionne pas correctement. Ă lâinverse, lâautopsie dâun tueur en sĂ©rie expliquant quâil ne pouvait pas rĂ©sister Ă ses pulsions de haine a rĂ©vĂ©lĂ© une tumeur comprimant son amygdale et qui Ă©tait sĂ»rement Ă lâorigine de ses actions. Par ailleurs, il nây a pas de centre des Ă©motions dans le cerveau car les Ă©motions sont des phĂ©nomĂšnes associĂ©s Ă des processus cognitif qui mettent en interaction plusieurs aires. Le cortex prĂ©frontal gauche est plutĂŽt associĂ© aux sentiments positifs ; le cortex prĂ©frontal droit aux Ă©tats mentaux nĂ©gatifs. Un accident qui endommage le cortex prĂ©frontal gauche peut rendre un individu plus sujet Ă la dĂ©pression. Chez les enfants, lâintroversion ou lâextraversion est dĂ©terminĂ©e par lâactivitĂ© du cortex. Les enfants ont un profil psychologique proche de leurs parents, mĂȘme dans le cas dâadoption. On estime que les gĂšnes contribuent Ă 50% au bonheur. Tout cela laisse penser que le cerveau dĂ©termine notre Ă©tat dâesprit. Est-ce vraiment le cas ? La plasticitĂ© du cerveau En rĂ©alitĂ©, les neurosciences ont dĂ©montrĂ© depuis plusieurs annĂ©es la plasticitĂ© du cerveau. LâInstitut Mind and Life a Ă©tudiĂ© en 2000 le fonctionnement du cerveau chez les pratiquants de mĂ©ditation. Si Matthieu Ricard se montre prudent en soulignant que les rĂ©sultats obtenus sont prĂ©liminaires, ils nâen sont pas moins trĂšs encourageants. Ă cette occasion, Ăser, un moine europĂ©en qui a vĂ©cu et pratiquĂ© depuis trente ans dans les monastĂšres himalayens auprĂšs de grands maĂźtres tibĂ©tains, a Ă©tĂ© le sujet dâun protocole scientifique conçu pour Ă©tudier le contrĂŽle quâil avait sur son cerveau. Sous lâanalyse attentive dâune IRM, il est parvenu Ă passer Ă volontĂ© sur six Ă©tats de mĂ©ditation diffĂ©rents la concentration, la prĂ©sence Ă©veillĂ©e, la visualisation, la mĂ©ditation sur lâamour et la compassion, lâintrĂ©piditĂ© ou force intĂ©rieure, la dĂ©votion. Les six Ă©tats de mĂ©ditation LâexpĂ©rience a durĂ© trois heures et lâanalyse des donnĂ©es a montrĂ© plusieurs choses Ăser avait pu volontairement rĂ©guler son activitĂ© cĂ©rĂ©brale. En comparaison, la plupart des sujets inexpĂ©rimentĂ©s auxquels on assigne un exercice mental â se concentrer sur un objet ou un Ă©vĂ©nement, visualiser une image, etc. â sâavĂšrent incapables de limiter leur activitĂ© mentale Ă cette tĂąche » Par ailleurs, ces premiĂšres analyses rĂ©vĂ©laient que chaque nouvel Ă©tat est chaque mĂ©ditation nouvelle effectuĂ©e par Oser produisaient des changements notables et distincts du signal de lâIRMf. » rĂ©sultats indiquent Ă©galement que la pratique de la mĂ©ditation semble dĂ©velopper de façon significative lâactivitĂ© du cortex prĂ©frontal gauche, qui gĂšre notamment la compassion. LâenquĂȘte ne sâest pas arrĂȘtĂ©e lĂ . Dâautres tests ont Ă©tĂ© mis en place, comme celui pour mesurer la capacitĂ© Ă lâempathie et Ă la perspicacitĂ©. Il consiste Ă identifier sur un Ă©cran lâune des six Ă©motions universelles, durant un trentiĂšme de seconde on peut la rater en clignant des yeux â ce rythme permet de passer les barriĂšres imposĂ©es par les tabous culturels. Deux moines, dont Ăser, ont Ă©tĂ© testĂ©s. Les rĂ©sultats sont sans appel Ils font mieux que les policiers, les avocats, les psychiatres, les agents des douanes, les juges, et mĂȘme que les agents de services secrets, groupe qui sâĂ©tait jusquâalors montrĂ© le plus prĂ©cis » ContrĂŽle dâun rĂ©flexe primitif Plus encore, Ăser fut le premier Ă ne pas sursauter Ă un test calibrĂ© pour faire ressortir ce rĂ©flexe primitif. Le protocole est le suivant sur un Ă©cran, un dĂ©compte de 10 Ă 1, puis un grand bruit. On demande au participant de rĂ©primer le plus possible le tressaillement. En parallĂšle, on enregistre les mouvements corporels, le pouls, le taux de sudation et la tempĂ©rature de la peau. MĂȘme les tireurs dâĂ©lite de la police, qui tirent pourtant des coups de feu tous les jours, ne peuvent sâempĂȘcher de sursauter. Ăser, lui, lâa fait. Sa technique a Ă©tĂ© la suivante il nâa pas essayĂ© de contrĂŽler le sursaut, mais il sâest mis dans un Ă©tat de prĂ©sence Ă©veillĂ©e, qui lui a fait paraĂźtre la dĂ©tonation comme beaucoup plus faible. Quelques lĂ©gers changements physiologiques se sont produits, mais pas un seul muscle du visage nâa bougĂ©. Le corps a rĂ©agi aux effets de la dĂ©tonation mais le son nâa eu aucun impact Ă©motionnel. Cela est Ă rapprocher des proto-Ă©motions que dĂ©crit SĂ©nĂšque la rougeur, les mains moites, etc. qui sont des rĂ©actions physiologiques incontrĂŽlables et nâont rien Ă voir avec le contrĂŽle de soi via lâesprit. Câest en tout cas la premiĂšre fois quâon atteste de la possibilitĂ© de supprimer un rĂ©flexe aussi ancestral. Le DalaĂŻ-Lama, invitĂ© au cours de ces Ă©tudes, explique En exerçant leur esprit, les gens peuvent devenir plus calmes â notamment les plus cyclothymiques. Câest ce quâindiquent ces travaux sur lâentraĂźnement de lâesprit selon le bouddhisme. Et câest lĂ mon objectif principal je ne cherche pas Ă promouvoir le bouddhisme, mais plutĂŽt la façon dont la tradition bouddhiste peut contribuer au bien de la sociĂ©tĂ©. Il va de soi quâen tant que bouddhistes nous prions sans cesse pour tous les ĂȘtres. Mais nous ne sommes que des ĂȘtres humains ordinaires et le mieux que nous puissions faire, câest de cultiver notre propre esprit ». Le bouddhisme, comme le stoĂŻcisme ou nâimporte quel autre systĂšme accordant une place importante aux exercices spirituels, est une thĂ©rapie de lâĂąme. Les pratiquants de philosophie pratique savent depuis longtemps quâil est possible de contrĂŽler son Ă©tat dâesprit. Les rĂ©sultats obtenus par le Mind and Life Institute permettent de mieux comprendre ces transformations de soi et donnent espoir quant Ă la possibilitĂ© pour chacun de changer, dâaller vers un mieux-ĂȘtre. Lâauteur, dans cette perspective, admet que Le bonheur ne nous est pas donnĂ©, ni le malheur imposĂ©. Nous sommes Ă chaque instant Ă une croisĂ©e de chemins et il nous appartient de choisir la direction Ă prendre ».p. 38 Cultiver son bonheur les exercices spirituels AprĂšs la thĂ©orie vient la pratique. Tout au long de lâouvrage, lâauteur prĂ©sente diffĂ©rents exercices pour commencer ici et maintenant la transformation de soi. Il faut dâabord distinguer les Ă©motions positives des Ă©motions nĂ©gatives. Les Ă©motions positives sont celles qui vont dans le sens de soukha, du bien-ĂȘtre ; les Ă©motions nĂ©gatives celles qui vont dans le sens du mal-ĂȘtre, vers une moindre luciditĂ©, une moindre libertĂ© intĂ©rieure. En prendre conscience permet dâĂȘtre plus attentif Ă soi. Parmi les Ă©motions positives, on trouve par exemple la compassion, lâamour, la joie sereine, etc. ; parmi les Ă©motions nĂ©gatives, on trouve par exemple lâenvie, la jalousie, la colĂšre, la haine, le dĂ©sir aliĂ©nant, etc. Il faut faire attention Ă certaines subtilitĂ©s faire une remarque intelligente mais malveillante renforce le mal-ĂȘtre ; ĂȘtre triste ou insatisfait devant une incapacitĂ© actuelle Ă soulager une souffrance ne nuit pas au bien-ĂȘtre car cela encourage Ă cultiver lâaltruisme et Ă la mettre en action. Le stoĂŻcisme serait peut-ĂȘtre plus apathique ici, estimant quâil est possible dâĂȘtre altruiste sans ressentir dâinsatisfaction ni de tristesse, mais par devoir moral et simple amour de lâautre. Exercices relatifs aux Ă©motions Une fois cette dichotomie Ă©motionnelle Ă©tablie, il existe plusieurs mĂ©thodes pour mieux gĂ©rer ses Ă©motions. On peut utiliser des antidotes. Lâantidote Ă la haine par exemple est lâamour altruiste. Il ne sâagit pas de refouler sa haine mais de diriger son attention vers un sentiment opposĂ© la compassion. Il faut ainsi raviver sa propre aspiration au bonheur, faire preuve dâamour envers soi, puis Ă©tendre cela Ă nos proches et, finalement, Ă tous les ĂȘtres, amis, inconnus et ennemis. Cela se rapproche de la logique des cercles de HiĂ©roclĂšs oĂč lâamour de soi sâĂ©tend aux autres. Dans la jalousie et lâenvie, si la luciditĂ© est suffisante, il faut utiliser lâantidote du dĂ©tachement simplement observer ses Ă©motions, les images et ne pas sây identifier, ne pas les entretenir. Tout cela relĂšve de lâexpĂ©rience introspective. Une autre mĂ©thode consiste Ă examiner la nature de lâĂ©motion elle-mĂȘme, concentrer son attention sur ce quâelle est en nous et non sur lâobjet oĂč elle se projette. Si une bouffĂ©e de colĂšre nous submerge soudainement, il faut essayer de saisir les caractĂ©ristiques de cette Ă©motion quelle est sa forme ? OĂč est-elle localisĂ©e ? Quelle est sa couleur ? Au fur et Ă mesure quâon cherche Ă la saisir, elle disparaĂźt naturellement, car elle nâexiste pas vraiment. Cette colĂšre, comme nâimporte quelle autre Ă©motion, naĂźt de notre esprit, y dure quelques instants et sây dissout Ă nouveau. Elle nâa aucune consistance propre câest ce que le bouddhisme appelle la libĂ©ration de la colĂšre au moment oĂč elle surgit, en reconnaissant son caractĂšre de vacuitĂ©, son absence dâexistence propre. » Souvent, cette analyse est rĂ©alisĂ©e aprĂšs la crise ; il convient dâessayer de la faire au moment-mĂȘme oĂč elle sâannonce. Une troisiĂšme mĂ©thode propose dâutiliser les Ă©motions comme catalyseurs. En fait, en supprimant le moi » de lâĂ©motion, câest-Ă -dire son identification Ă lâĂ©motion, on peut en garder lâĂ©nergie que cette derniĂšre nous procure. Le dĂ©sir possĂšde un aspect de fĂ©licitĂ© ; la jalousie, une dĂ©termination Ă agir qui ne peut ĂȘtre confondue avec lâinsatisfaction malsaine quâelle entraĂźne, etc. Cette derniĂšre mĂ©thode reste nĂ©anmoins plus subtile et dĂ©licate Ă mettre en place car elle requiert une trĂšs bonne comprĂ©hension de la nature de lâesprit. PossĂ©der ses dĂ©sirs au lieu dâĂȘtre possĂ©dĂ© par eux Au-delĂ dâune sage gestion des Ă©motions, le bonheur sâacquiert aussi en sâexerçant sur son dĂ©sir. Matthieu Ricard consacre plusieurs pages Ă discuter du fait que le dĂ©sir est mauvais pour soi sâil devient obsessionnel. Il distingue aussi de façon intĂ©ressante le fait de ressentir un besoin » et dâ aimer » quelque chose. Ce ne sont pas les mĂȘmes aires cĂ©rĂ©brales qui sâactivent. Ainsi, on peut ressentir un manque, un besoin, mais ne pas apprĂ©cier la sensation du besoin satisfait. On dĂ©sire alors sans aimer. Câest le cas de nombreuses personnes dans lâaddiction qui ne savent plus sortir de ce cercle vicieux. On peut aussi aimer quelque chose ou quelquâun sans Ă©prouver de manque Ă son Ă©gard. Pour mieux contrĂŽler son dĂ©sir, il faut sâentraĂźner Ă une certaine vigilance envers les images mentales. Une pulsion est souvent le rĂ©sultat dâune image qui en entraĂźne une autre, puis une autre, etc. En prenant conscience des images dĂšs quâelles surviennent, on peut interrompre cette mĂ©canique qui mĂšne vers le dĂ©sir. Il faut crĂ©er de la distance entre lâimage et notre rĂ©action pour reprendre du contrĂŽle. Plus loin dans lâouvrage, Matthieu Ricard propose dâapprendre Ă remonter Ă la source mĂȘme des pensĂ©es Ă travers un autre exercice spirituel Au lieu de nous agiter de la sorte, regardons simplement ce qui se trouve au fond de lâesprit, Ă lâarriĂšre-plan des pensĂ©es. Nây a-t-il pas lĂ une prĂ©sence Ă©veillĂ©e, libre de fabrications mentales, transparentes, lumineuse, qui ne troublent pas les idĂ©es relatives au passĂ©, au prĂ©sent et au futur ? En essayant ainsi de rester dans lâinstant prĂ©sent, libre de concepts, en agrandissant peu Ă peu lâintervalle qui sĂ©pare la disparition dâune pensĂ©e de lâapparition de la suivante, il est possible de demeurer dans un Ă©tat de simplicitĂ© limpide qui, pour ĂȘtre libre de fabrications mentales, nâen est pas moins lucide, et qui, pour persister sans effort, nâen est pas moins vigilant. » Il sâagit encore dâune forme dâattention Ă soi-mĂȘme, dirigĂ© vers la conscience pure cette fois. En prenant une telle distance avec cela, le calme existe mĂȘme au milieu de la tempĂȘte. Autres exercices spirituels Tout au long de lâouvrage, de nombreux autres exercices de mĂ©ditation sont prĂ©sentĂ©s. Par exemple LâĂ©change du bonheur et de la souffrance qui consiste Ă visualiser un sentiment de compassion, de chaleur humaine Ă lâĂ©gard de tous les ĂȘtres, puis Ă expirer ce bonheur envers eux, Ă visualiser le fait quâils absorbent nectar bienfaisant, puis Ă inspirer tous leurs malheurs, Ă sâimaginer le soulagement que cela leur procure, Ă comprendre que ces malheurs nâexistent pas vraiment, Ă ressentir de la joie Ă lâidĂ©e quâon les a dĂ©chargĂ©s dâun poids sans que cela nous alourdisse. Cet exercice se pratique nâimporte quand envers nâimporte quel ĂȘtre. Les images peuvent ĂȘtre changĂ©es tant quâelles respectent la logique de lâĂ©change, de lâamour et de la la sĂ©rĂ©nitĂ© en changeant intĂ©rieurement dâenvironnement cet exercice consiste Ă faire cesser la puissance dâun sentiment de dĂ©sir, dâenvie, dâorgueil, dâagressivitĂ© ou de cupiditĂ© en se transportant mentalement au bord dâun lac tranquille, dans un ermitage qui sâouvre Ă flanc de montagne dans un paysage immense ou un paysage naturel similaireCultiver la sĂ©rĂ©nitĂ© Ă travers le vĂ©ritable dĂ©tachement cet exercice consiste Ă observer dâune façon nouvelle lâobjet de notre attachement et Ă comprendre que ce qui nous fait souffrir, ce nâest pas cet objet, mais la façon dont on se cramponne Ă la sĂ©rĂ©nitĂ© en sâinspirant des modĂšles de sagesse cet exercice consiste Ă imaginer que le Bouddha, Socrate, saint François dâAssise ou nâimporte quel autre sage nous observe ou bien Ă se demander ce que ces personnes feraient dans notre situation. Câest un exercice que lâon retrouve souvent dans les textes des obstacles une force cet exercice consiste Ă voir les enseignements contenus dans chaque difficultĂ© et chaque expĂ©rience. Matthieu Ricard rĂ©sume joliment son principe les troubles que lâon traverse renferment un prĂ©cieux potentiel de transformation, un trĂ©sor dâĂ©nergie oĂč lâon peut puiser Ă pleines mains la force vive qui rend apte Ă construire ce que lâindiffĂ©rence ou lâapathie ne permettent pas. » renoncement lâexercice ne consiste pas Ă se priver de ce qui nous procure joie et bonheur mais de mettre un terme Ă ce qui nous cause dâinnombrables et incessants tourments dĂ©cider de sortir du trou, de prendre conscience des habitudes nĂ©fastes de notre quotidien. Cela requiert du courage il faut faire face Ă soi-mĂȘme, analyser les causes de sa souffrance, se donner le temps et la peine de changer cela. La question Ă se poser Ă propos dâun certain nombre dâĂ©lĂ©ments de notre vie est cela va-t-il me rendre plus heureux ? ». Le renoncement, qui est un non-attachement, a une connotation de joie, dâeffort enthousiaste et de libertĂ©. Il existe encore de nombreux autres exercices et la liste nâest pas exhaustive. En fait, il y a autant de moyens dâĂȘtre heureux que dâĂȘtre malheureux. Câest pour cela que les textes bouddhistes font Ă©tat de 84 000 Ă©motions nĂ©gatives tĂ©moignant de la complexitĂ© de lâesprit humain et en mĂȘme temps de 84 000 portes qui mĂšnent au chemin de la transformation intĂ©rieure. Cela signifie que les Ă©motions nĂ©gatives ne sont jamais une fin en soi. Le bonheur et la sagesse Comprendre que ces exercices nous conduisent vers le bonheur, vers lâadĂ©quation entre la pensĂ©e et les choses, vers lâĂ©panouissement, câest faire preuve de sagesse, car la sagesse est prĂ©cisĂ©ment ce qui permet de distinguer les pensĂ©es et les actes qui contribuent au bonheur authentique de ceux qui le dĂ©truisent. La sagesse relĂšve de lâexpĂ©rience, non de dogmes » Câest aussi elle qui, unie Ă une motivation altruiste, permet de juger, cas par cas, de lâopportunitĂ© dâune dĂ©cision. La sagesse ne dit pas que voler ou mentir est mal dans lâabsolu ; il peut y avoir certaines situations oĂč cela est une bonne action mentir pour protĂ©ger la vie dâun innocent par exemple. ReconnaĂźtre ces situations et agir en tenant compte du Bien et du Juste plutĂŽt que du lĂ©gal et du conventionnel, câest faire preuve de sagesse. La sagesse est une composante essentielle de lâĂ©thique de la vertu, que le stoĂŻcisme et le bouddhisme ont en commun. Matthieu Ricard consacre justement tout un chapitre Ă la sagesse LâĂ©thique, la science du bonheur?, 22. Tout dâabord, câest elle qui nous permet au mieux de prendre soin de soi-mĂȘme en tant quâĂȘtre vivant et ĂȘtre de raison. La sagesse nous libĂšre de la souffrance, des passions, des illusions. Elle rĂ©pond Ă ce besoin naturel de chacun, qui est de connaĂźtre le bien-ĂȘtre et dâĂ©viter le mal-ĂȘtre ; ce que les Grecs ont appelĂ© oĂŻkĂ©iosis, traduit par sentiment dâappropriation Ă soi-mĂȘme ». Lâauteur cite le philosophe Han de Wit Ce dĂ©sir humain, universel, nâest pas basĂ© sur des opinions ou des idĂ©es, ni sur le jugement moral qui dĂ©crĂ©terait quâil est bon de lâĂ©prouver [âŠ]. Pour le bouddhisme [et le stoĂŻcisme !], lâexistence dâun tel dĂ©sir nâest pas Ă dĂ©montrer, il relĂšve de lâexpĂ©rience, il vit en nous. Câest la force douce que possĂšdent tous les ĂȘtres vivants. Pas seulement, les ĂȘtres humains mais aussi les animaux sans foi ni loiâ ». Ensuite, cette sagesse, unie Ă une intentionnalitĂ© altruiste vĂ©ritable, dĂ©passe les insuffisances des autres systĂšmes Ă©thiques. Pour illustrer cela, lâauteur prend des exemples classiques de philosophie morale. Lâun des dilemmes est le suivant faudrait-il accepter de torturer un enfant pour sauver lâhumanitĂ© ? Pour les dĂ©ontologiques comme Kant, qui pensent quâune action est bonne dĂšs lors quâelle suit une rĂšgle morale bonne en soi, il ne faut pas faire cela car on irait Ă lâencontre de la justice. Les utilitaristes, qui considĂšrent quâune action est bonne si elle contribue au bonheur dâautrui et/ou du plus grand nombre, sont aussi bien limitĂ©s dans leur rĂ©ponse si la justice nâĂ©tait quâun contrat dâutilitĂ©, quâune maximisation du bien-ĂȘtre collectif, il pourrait ĂȘtre juste de sacrifier quelques personnes innocentes pour faire le bonheur de tous ; mais ce nâest pas la dĂ©finition de la justice. La rĂ©ponse de lâĂ©thique de la vertu est la suivante On ne sacrifierait la justice que si lâon dĂ©crĂ©tait que le choix de sacrifier un enfant pour en sauver mille Ă©tait en principe acceptable. Or il ne sâagit pas de lâaccepter, mais dâĂ©viter concrĂštement le plus de souffrance possible. Entre deux solutions aussi inacceptables lâune que lâautre, il ne sâagit pas dâĂ©riger le bonheur du plus grand nombre » en dogme, de considĂ©rer lâenfant innocent comme un simple moyen de sauver la vie des autres, au mĂ©pris de son propre droit Ă la vie, mais, face Ă une situation rĂ©elle, inĂ©vitable, de faire le choix du moindre mal en termes de altruisme vrai nâhĂ©siterait pas Ă donner sa vie et Ă mourir Ă la place de lâenfant, mais sâil est mis au pied du mur et doit faire ce choix en ne disposant que de quelques secondes pour dĂ©cider, que va-t-il faire ? Que doit-il faire ? Laisser une, ou mille personnes mourir ? En dĂ©cidant dâĂ©pargner mille personnes aussi innocentes que lâenfant, la Justice abstrait et dĂ©sincarnĂ©e â celle qui faisait dire Ă Voltaire la vie dâun homme vaut autant que la vie dâun million dâhommes » â est peut-ĂȘtre sacrifiĂ©e, mais une montagne de souffrance est Ă©vitĂ©e. Ce choix nâa pas dĂ©chirĂ© le tissue de la justice pour les temps futurs ; il nâa pas compromis Ă long terme la santĂ© morale de lâhumanitĂ©, dans la mesure oĂč celui qui a pris cette dĂ©cision dramatique nâa jamais, ne serait-ce quâune fraction de seconde, acceptĂ© en son for intĂ©rieur de sacrifier lâenfant. Entre deux refus, il a choisi de refuser davantage la mort dâun millier que dâun seul. » â 326. Pour donner un autre exemple similaire, dans Le Choix de Sophie roman de Wiliam Styron, un nazi somme lâhĂ©roĂŻne, Sophie, de dĂ©signer lequel de ses deux enfants ira pĂ©rir dans une chambre Ă gaz, lâautre devant ĂȘtre Ă©pargnĂ©. Si elle ne fait aucun choix, les deux mourront. Le dĂ©ontologisme conduirait au sacrifice des deux enfants au nom de la Justice et lâutilitarisme nâaurait guĂšre de choses Ă dire ici. Au lieu de voir le choix comme le sacrifice de lâun de ses deux enfants, lâĂ©thique de la vertu invite Ă voir cela comme le sauvetage de lâautre. Et, le choix Ă©tant impossible sur des fondements logiques, il faut sâen remettre au hasard au moment de la sĂ©lection Un tel choix ne crĂ©erait pas un prĂ©cĂ©dent, ne constituerait pas un manque dâamour ou de respect envers la vie de lâun des deux enfants, cela serait simplement un acte de compassion dĂ©sespĂ©rĂ©e, un ultime sursaut vers la vie au sein de lâhorreur ». Encore une fois, lâauteur trouve les mots justes pour rĂ©sumer lâuniversalitĂ© et la richesse de cette Ă©thique Bien que tous les cas de morale ne se situent pas dans des situations aussi dramatiques, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, lâĂ©thique incarnĂ©e doit donc prendre en considĂ©ration avec une extrĂȘme perspicacitĂ© et une compassion inconditionnelle, tous les tenants et aboutissants dâune situation donnĂ©e. Elle constitue un dĂ©fi constant, car elle exige une motivation parfaitement impartiale et altruiste, ainsi quâun dĂ©sir infaillible de remĂ©dier aux souffrances des ĂȘtres. Elle est la plus difficile Ă mettre en Ćuvre car elle transcende le recours automatique et aveugle Ă la lettre des lois et codes moraux. » LâĂ©thique de la vertu est donc la plus Ă mĂȘme de nous rendre heureux. Contrairement Ă lâutilitarisme, elle ne considĂšre pas que le bonheur se rĂ©sume Ă une arithmĂ©tique des plaisirs et des peines. Le bonheur, dans lâĂ©thique de la vertu, est une opĂ©ration de lâesprit qui appelle Ă une pratique de transformation personnelle. Le bonheur ne se rĂ©sume pas aux plaisirs. Dans les deux derniers chapitres, Matthieu Ricard Ă©voque la mort et notre rapport souvent nĂ©vrosĂ©e envers celle-ci ainsi que lâĂveil, qui est la finalitĂ© de la pratique philosophique dans le bouddhisme. LâĂveil est lâĂ©tat de non-dualitĂ© il nây a plus dâego, plus dâillusions, plus de fabrications intellectuelles, plus de pensĂ©es perturbatrices. Câest un Ă©tat proche de lâapatheia stoĂŻcienne. Conclusion En rĂ©sumĂ©, le livre de Matthieu Ricard doit se lire avec patience, en prenant le temps de digĂ©rer chaque idĂ©e. Vouloir lire dâune traite cet ouvrage serait une erreur. Sâil y a de nombreuses rĂ©pĂ©titions, ces derniĂšres ont une vocation pĂ©dagogique. Par rapport au stoĂŻcisme, les idĂ©es Ă©voquĂ©es sont quasiment toujours en adĂ©quation. La seule exception concerne peut-ĂȘtre la colĂšre, considĂ©rĂ©e comme une Ă©motion quâil peut ĂȘtre juste dâavoir de façon mesurĂ©e en contexte donnĂ©e ; pour les stoĂŻciens, la colĂšre est toujours irrationnelle et mieux vaut la simuler que la vivre de façon prĂ©tendument modĂ©rĂ©e. Dans tous les cas, Plaidoyer pour le bonheur, est, je pense, un livre qui peut prĂ©venir bien des nĂ©vroses et des dĂ©pressions et qui permet de trouver par soi-mĂȘme le sens de la vie. Matthieu Ricard met des mots sur des idĂ©es parfois complexes, sur lâexpĂ©rience de la sagesse souvent rĂ©putĂ©e indicible et guide pas Ă pas le lecteur pour quâil puisse lui aussi sâĂ©panouir dans son existence humaine. Câest une Ćuvre gĂ©nĂ©reuse, qui se met au service de la Raison, de lâhumanitĂ©, de la sagesse ; et ces choses-lĂ ne sont le propre dâaucune Ăcole. Informations pratiques Plaidoyer pour le bonheurAuteur Matthieu RicardPremiĂšre date de publication 2003Ăditions utilisĂ©es pour le compte-rendu NiL Ă©ditions, 2003Nombre de page 384ISBN 978-2-266-14460-5Acheter en ligne
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Les 35 citations et proverbes sacrifier La femme qui a sacrifiĂ© son honneur Ă celui qu'elle aime est la meilleure gardienne de l'honneur de son amour. Citation de Auguste-Louis Petiet ; Les pensĂ©es, maximes et rĂ©flexions 1851 Quiconque sacrifie son moi reçoit en Ă©change l'infini. Citation de Victor Cherbuliez ; L'aventure de Ladislas Bolski 1865 On ne peut sacrifier l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă une coalition quelconque d'intĂ©rĂȘts particuliers, fussent-ils trĂšs puissants. Citation de Samuel Ferdinand-Lop ; Les nouvelles pensĂ©es et maximes 1970 Dieu est moins jaloux des idoles auxquelles nous sacrifions Ă la face du soleil que de celles que nous adorons dans la nuit de notre cĆur. Citation de Victor Cherbuliez ; Les pensĂ©es extraites de ses Ćuvres 1913 Tout notre tour d'adresse consiste Ă sacrifier notre existence pour exister. Citation de Johann Wolfgang von Goethe ; Les maximes et rĂ©flexions 1749-1832 On sacrifie sa vie Ă son honneur, souvent son honneur Ă sa fortune, et quelquefois sa fortune Ă la crainte du ridicule. Citation de Charles Pinot Duclos ; Les morceaux choisis 1810 La passion porte la femme Ă se sacrifier, et l'homme Ă demander. Citation de SosthĂšne de La Rochefoucauld-Doudeauville ; Le livre des pensĂ©es 1861 La sagesse consiste Ă savoir sacrifier une partie de ses opinions, de ses intĂ©rĂȘts et de ses volontĂ©s pour sauver le reste. Citation de Victor Cherbuliez ; Olivier Maugant 1885 Le devoir commande de sacrifier les petites obligations aux grandes. Citation de Victor Cherbuliez ; Les pensĂ©es extraites de ses Ćuvres 1913 Sacrifier ses intĂ©rĂȘts Ă ses convictions pour une Ăąme bien nĂ©e est un plaisir. Citation de Victor Cherbuliez ; Olivier Maugant 1885 Il est dans ce monde une Ăąme, sĆur de la mienne, dans laquelle je puis verser sans crainte tous mes soucis, toutes mes pensĂ©es, tous mes chagrins et toutes mes espĂ©rances. Il est un ĂȘtre qui s'occupe sans cesse de moi, dont mon bonheur est la grande affaire, l'intĂ©rĂȘt suprĂȘme, un ĂȘtre Ă qui je puis tout dire, tout confesser, un ĂȘtre qui m'aime parce qu'il me connaĂźt et qui me connaĂźt parce qu'il m'aime, un ĂȘtre qui vit avec moi, qui vit en moi, et qui saurait, s'il
se sacrifier pour le bonheur des autres