🩁 Se Sacrifier Pour Le Bonheur Des Autres

DetrĂšs nombreux exemples de phrases traduites contenant "se sacrifier pour le bien d'autrui" – Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises. Cequ’on peut savoir, c’est si on a rĂ©uni les trois conditions favorisant le bonheur. Nuance. Si l’une de ces conditions n’est pas remplie pendant trop longtemps, le bonheur est improbable. Checkout this great listen on Audible.com. Je reviens vers vous avec un nouvel Ă©pisode sur le thĂšme des relations "nous et les autres" et on va reparler d'un de nos sujets de dĂ©part: "laisser passer les autres avant soi". Cet Ă©pisode est une version Jene sais pas si le titre est bien choisi, mais 10 h : les liquidateurs de Fukushima se prĂ©parent Ă  mourir Le site ElleĂ©crit depuis bientĂŽt trois ans pour Terrafemina. "Au bonheur des vulves", le manuel pour chĂ©rir la sienne. Un guide "facile Ă  comprendre, Ă  intĂ©grer et qui donne des clĂ©s" pour lutter Notrebonheur passe aussi en faisant celui des autres mais si on se pose la mĂȘme question que toi c'est qu'il y a un dĂ©sĂ©quilibre. Cela peut venir du fait que l'on accorde trop d'importance au regard des autres. StĂ©phane Luxeuil. Anciennement Cariste L'auteur a 405 rĂ©ponses et 146,8 k vues de rĂ©ponse 2 ans. Comprendrel’autre. Si tu te demandes si tu dois te sentir responsable du bonheur des autres, il faut dĂ©jĂ  ĂȘtre en mesure de dĂ©finir ce que c’est que le bonheur pour ces personnes. Peut-ĂȘtre que tu fais des sacrifices pour une personne alors que cela ne contribue mĂȘme pas Ă  son bonheur ! Peut-ĂȘtre que tu as l’impression de tout Le30 aoĂ»t 2020 Ă  01:28:26 Blakinto a Ă©crit :Le - page 3 - Topic Qu’est-ce que vous ĂȘtes prĂȘts Ă  sacrifier pour atteindre le bonheur ? du 30-08-2020 00:48:03 sur les forums de jeuxvideo.com Lelion prend une dĂ©cision absurde de rĂ©unir un conseil pour trouver un « bouc Ă©missaire » et le sacrifier pour les sauver de la Peste. « La Peste [] capable d'enrichir en jour l'AchĂ©ron » v4-5, la peste fait beaucoup de morts. « Que le plus coupable de nous se sacrifie aux traits du cĂ©leste courroux » v18-19, le lion pense qu'avec un sacrifice tout s'arrangera Qyf9w. Matthieu Ricard n’est pas stoĂŻcien mais bouddhiste. Ancien chercheur en gĂ©nĂ©tique cellulaire, il vit Ă  prĂ©sent dans l’Himalaya et est l’interprĂšte français du DalaĂŻ-Lama. Pourquoi parler de son livre Plaidoyer pour le bonheur alors ? Eh bien, parce que le Bouddhisme et le StoĂŻcisme ont Ă©normĂ©ment de ressemblances. De la notion de bonheur Ă  l’éthique de la vertu, l’ouvrage Ă©claire dans un mĂȘme mouvement des concepts communs – mais aussi diffĂ©renciĂ©s – aux deux systĂšmes. Qu’est-ce que le bonheur ? Qu’est-ce que le bonheur ? Dans la perspective du bouddhisme, il s’agit d’un Ă©tat de bien-ĂȘtre durable et d’un sentiment d’épanouissement total, en adĂ©quation avec notre nature humaine. C’est une disposition intĂ©rieure et ancrĂ©e en nous qui s’accompagne d’une perception claire et lucide de la rĂ©alitĂ© des choses. L’auteur dit la chose suivante J’entendrai ici par bonheur un Ă©tat acquis de plĂ©nitude sous-jacent Ă  chaque instant de l’existence et qui perdure Ă  travers les inĂ©vitables alĂ©as la jalonnant » Et plus loin La recherche du bonheur ne consiste pas Ă  voir la vie en rose », ni Ă  s’aveugler sur les souffrances et les imperfections du monde. Le bonheur n’est pas non plus un Ă©tat d’exaltation que l’on doit perpĂ©tuer Ă  tout prix, mais l’élimination de toxines mentales, comme la haine et l’obsession, qui empoisonnent littĂ©ralement l’esprit. Pour cela, il faut acquĂ©rir une meilleure connaissance de la façon dont fonctionne ce dernier et une perception plus juste de la rĂ©alitĂ©. » Comprendre le fonctionnement de l’esprit et percevoir le monde extĂ©rieur comme il est, c’est mettre en adĂ©quation notre pensĂ©e et les choses, c’est accĂ©der Ă  la vĂ©ritĂ©. Le bouddhisme appelle ainsi Ă  dĂ©construire les fabrications mentales. Par exemple, on trouve dĂ©sirable » ou indĂ©sirable » telle ou telle chose, bon » ou mauvais » tel ou tel individu et le moi » qui perçoit tout cela semble tout aussi concret ; en rĂ©alitĂ©, ces qualitĂ©s ne sont pas des caractĂ©ristiques essentielles de la chose mais on les ajoute comme si elles lui appartenaient. C’est cela qui nourrit notre mal-ĂȘtre et notre ignorance. Les choses ne contiennent donc pas les jugements de valeur et qualitĂ©s qu’on leur attribue. On peut nĂ©anmoins dĂ©finir quelques caractĂ©ristiques essentielles. DĂ©jĂ , tous les phĂ©nomĂšnes sont interdĂ©pendants. Tout est relation, tout provient de la sĂ©rie de cause Ă  effet, rien n’existe en soi et par soi. Le bouddhisme Ă©voque cette idĂ©e en soulignant la vacuitĂ© d’existence propre des phĂ©nomĂšnes et leur mode d’existence interdĂ©pendant. La connaissance bouddhiste ou philosophique n’est donc pas une masse de savoirs et d’informations mais elle consiste Ă  dĂ©construire les fabrications mentales pour percevoir les choses telles qu’elles sont. Le stoĂŻcisme parlerait ici de reprĂ©sentations/perceptions cataleptiques. Comme le dit Etty Hillesum, citĂ© par Matthieu Ricard le grand obstacle [au bonheur], c’est toujours la reprĂ©sentation et non la rĂ©alitĂ© » Le bonheur est possible indĂ©pendamment des conditions d’existence On pourrait penser qu’acquĂ©rir un tel bonheur et une telle luciditĂ© exigent de longues retraites dans la nature, des conditions de vie favorables ou bien un niveau de sagesse prĂ©alable. Il n’en est rien. Nous possĂ©dons tous, de façon innĂ©e, un potentiel de progression vers le mieux-ĂȘtre. Matthieu Ricard ne cesse de le dĂ©montrer au fil de son argumentation et prĂ©sente des exemples saisissants. En voici cinq librement choisis dans le livre Heureux prisonnier. Fleet Maul est un AmĂ©ricain condamnĂ© en 1985 Ă  vingt-cinq ans de rĂ©clusion pour une affaire de drogue. Il purge sa peine dans une prison aux conditions de vie insalubres cellules surpeuplĂ©es et incroyablement chaudes, pas de fenĂȘtre, pas de ventilation, pas d’endroit oĂč faire une petite marche. Les gens se disputent et hurlent. Quatre ou cinq tĂ©lĂ©visions fonctionnent en mĂȘme temps, en continu. Il commence Ă  s’asseoir et Ă  mĂ©diter dans cet environnement, tous les jours, jusqu’à atteindre quatre Ă  cinq heures de pratique quotidienne. Au bout de huit ans de dĂ©tention, il dĂ©clare que cette expĂ©rience l’a convaincu de la double vĂ©ritĂ© de la pratique spirituelle liĂ©e Ă  la force de la compassion, et de l’absence de rĂ©alitĂ© du ’moi’’. C’est incontestable ; ce n’est pas une simple idĂ©e romantique. C’est mon expĂ©rience directe. » Une vie belle et riche de sens
 Ă  Auschwitz. Etty Hillesum affirme, un an avant sa mort Ă  Auschwitz quand on a une vie intĂ©rieure, peu importe, sans doute, de quel cĂŽtĂ© des grilles du camp on se trouve [
]. J’ai dĂ©jĂ  subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu. Aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre je sais dĂ©jĂ  tout. Et pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. À chaque instant. » Un au-delĂ  des douleurs provoquĂ©s par la maladie. AprĂšs avoir vĂ©cu plusieurs mois au seuil de la mort dans d’atroces douleurs, Guy Corneau, psychanalyste canadien, finit par lĂącher prise ». Il cessa de se rĂ©volter contre une souffrance difficile Ă  soigner, et s’ouvrit au potentiel de sĂ©rĂ©nitĂ© qui est toujours prĂ©sent au plus profond de soi ’cette ouverture du cƓur ne fit que s’accentuer au fil des jours et des semaines qui suivirent. J’étais plongĂ© dans une bĂ©atitude sans nom. Un immense feu d’amour brĂ»lait en moi. Je n’avais qu’à fermer les yeux pour m’y abreuver, m’emplir et me rassasier
 » Torture sans consĂ©quences. Tendzin Tcheudrak, mĂ©decin du DalaĂŻ-Lama, a subi d’effroyables tortures et a passĂ© de nombreuses annĂ©es dans les prisons et les camps de travaux forcĂ©s chinois. Il crut Ă  maintes reprises qu’il allait mourir de faim ou des sĂ©vices qu’on lui infligeait. Un psychiatre spĂ©cialiste du stress post-traumatique observe que Tendzin est sorti de cette Ă©preuve sans le moindre signe de ce syndrome post-traumatique. Malformation du corps, plĂ©nitude de l’esprit. Dans la province du Bumthang, au cƓur du royaume himalayen du Bhoutan, vit un homme-tronc. Il rĂ©side dans une petite cabane en bambou de quelques mĂštres carrĂ©s, en bordure d’un village. Il ne sort jamais et bouge Ă  peine de son matelas posĂ© Ă  mĂȘme le sol. Il urine par un petit tuyau et dĂ©fĂšque par un trou amĂ©nagĂ© dans le plancher au-dessus d’un ruisseau qui passe sous sa cabane bĂątie sur pilotis. Il vit lĂ  depuis plus de quarante ans. Il manifeste constamment une mĂȘme attitude sereine, simple, douce et sans affectation. Les villageois viennent le voir pour rĂ©soudre les problĂšmes du village. Quand on lui fait un cadeau, il dit que ce n’était pas la peine, en riant. On ne vient pas le voir par pitiĂ© ni mĂȘme empathie mais parce qu’on passe toujours de bons moments avec lui. Et Matthieu Ricard de conclure cet homme a trouvĂ© le bonheur en lui, et rien ne peut le lui enlever, ni la vie ni la mort » Ces personnes Ă©taient-elles vraiment heureuses ? Voici ce que rĂ©pond l’auteur Ă  celles et ceux qui en douteraient Ces personnes ont le droit de dire qu’il est possible de prĂ©server soukha mĂȘme lorsqu’on est soumis rĂ©guliĂšrement Ă  la torture, parce qu’elles l’ont vĂ©cu pendant des annĂ©es et que l’authenticitĂ© de leur expĂ©rience surpasse en force toute thĂ©orie » Soukha est un terme synonyme de bonheur que le bouddhisme utilise pour dĂ©signer l’état de bien-ĂȘtre qui naĂźt d’un esprit exceptionnellement sain et serein. Matthieu Ricard explique plus prĂ©cisĂ©ment que C’est une qualitĂ© qui sous-tend et imprĂšgne chaque expĂ©rience, chaque comportement, qui embrasse toutes les joies et toutes les peines. Un bonheur si profond que ’rien ne saurait l’altĂ©rer, comme ces grandes eaux calmes, au-dessous des tempĂȘtes’’. C’est aussi un Ă©tat de sagesse, affranchie des poisons mentaux, et de connaissance, libre d’aveuglement sur la nature vĂ©ritable des choses. » Ce bonheur n’est pas celui que l’on entend au sens moderne et hĂ©doniste du terme, mais une stabilitĂ© intĂ©rieure qui permet d’apprĂ©cier pleinement les moments les plus heureux de l’existence et d’affronter avec la plus grande rĂ©silience les moments les plus difficiles. Ce bonheur-lĂ  prĂ©cisĂ©ment est donc un Ă©tat accessible, y compris quand les conditions de vie sont propices Ă  gĂ©nĂ©rer de la souffrance. Le stoĂŻcisme suit ici le bouddhisme. Ce que le bonheur n’est pas Pour complĂ©ter cette dĂ©finition du bonheur, il est intĂ©ressant de le distinguer de ce avec quoi il est souvent confondu. Matthieu Ricard consacre tout un chapitre Ă  cela chapitre 4 les faux amis. Ainsi, le bonheur se distingue du plaisir, de l’intensitĂ©, de l’euphorie et de la joie. Le plaisir Tout d’abord, le plaisir est l’ombre du bonheur. Il est causĂ© par des stimuli agrĂ©ables d’ordre sensoriel, esthĂ©tique ou intellectuel, dĂ©pend du contexte et est presque toujours liĂ© Ă  une action ; alors que le bonheur est un Ă©tat d’ĂȘtre, un habitus qui est ressenti aussi longtemps que nous demeurons en harmonie avec notre nature profonde. Le plaisir est Ă©galement Ă©vanescent sa rĂ©pĂ©tition attĂ©nue voire annule son effet. Matthieu Ricard donne cet exemple dĂ©guster un mets dĂ©licieux est source de rĂ©el plaisir, mais la chose nous indiffĂšre une fois que nous sommes rassasiĂ©s, et si nous continuons Ă  manger nous en serons Ă©cƓurĂ©s. » C’est aussi une expĂ©rience individuelle, essentiellement centrĂ©e sur soi on peut Ă©prouver du plaisir au dĂ©triment des autres mais on ne saurait en retirer du bonheur. Certains Ă©prouvent du plaisir Ă  se venger ou Ă  torturer d’autres ĂȘtres humains. En soi, le plaisir n’est ni bon, ni mauvais. Tout dĂ©pend de la place qu’on lui accorde dans notre vie Les plaisirs ne deviennent des obstacles que lorsqu’ils rompent l’équilibre de l’esprit et entraĂźnent une obsession de jouissance ou une aversion pour ce qui les contrarie [
] s’il entrave la libertĂ© intĂ©rieure, il fait obstacle au bonheur ; vĂ©cu avec une parfaite libertĂ© intĂ©rieure, il l’orne sans l’obscurcir [
] le plaisir devient suspect dĂšs qu’il engendre le besoin insatiable de sa rĂ©pĂ©tition. » L’intensitĂ© Ensuite, l’intensitĂ© est le fait de chercher des expĂ©riences intenses pour se sentir vivre. Ce dĂ©sir conduit Ă  prendre des risques qui n’en valent pas la peine descendre les chutes du Niagara dans un tonneau, n’ouvrir son parachute qu’à quelques mĂštres du sol, plonger Ă  cent mĂštres sous l’eau en apnĂ©e, etc. Pour ces individus, une vie sans stimulations Ă©motionnelles, psychologiques ou physiques trĂšs intenses paraĂźt morne. Comme le dit SĂ©nĂšque, citĂ© par Matthieu Ricard il suffit qu’ils [ces individus] se retrouvent sans occupation pour qu’ils deviennent fĂ©briles parce qu’ils sont livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes » Ce mode de vie est une aliĂ©nation dans l’intensitĂ©. L’intensitĂ© n’est toutefois pas mauvaise en soi puisque le sentiment de plĂ©nitude et de libertĂ© intĂ©rieure apporte Ă©galement cette forte sensation de se sentir vivre, y compris en l’absence de stimuli extĂ©rieurs. C’est ce que dĂ©montre Matthieu Ricard en Ă©voquant l’expĂ©rience du flux, qu’a thĂ©orisĂ©e le psychologue Mihaly Csikszentmihaly. Ce flux, qui est le fait d’ĂȘtre absorbĂ© dans une activitĂ© et d’en oublier le temps qui passe, la fatigue, la faim, l’inconfort et mĂȘme sa propre identitĂ©, est tout Ă  fait compatible avec une vie tournĂ©e vers la sagesse. On peut le ressentir en mĂ©ditation et/ou en pleine luciditĂ©. Il y a donc une intensitĂ© dans le bonheur mais toute intensitĂ© n’est pas heureuse. L’euphorie L’euphorie, pour sa part, est une exaltation jubilatoire rĂ©sultant d’une excitation passagĂšre. Mais, comme le dit l’auteur, tout enjouement superficiel qui ne repose pas sur une satisfaction durable s’accompagne invariablement d’une rechute dans la morositĂ© » Des Ă©tudes ont ainsi montrĂ© que gagner le gros lot Ă  la loterie entraĂźne un changement temporaire au niveau de plaisir mais peu de modifications Ă  long terme dans le tempĂ©rament heureux ou malheureux des sujets concernĂ©s. La joie Finalement, la joie se distingue en deux catĂ©gories les joies qui ne sont pas liĂ©es au bonheur il y a mĂȘme des joies malsaines et la joie que le sage exprime de façon constante, sans exubĂ©rance. Cette joie, qui est un Ă©panouissement du cƓur, doit ĂȘtre associĂ©e aux autres composantes du bonheur vĂ©ritable – luciditĂ©, bontĂ© affaiblissement graduel des Ă©motions nĂ©gatives et cessation des caprices de l’ego – pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciable. Les faux amis du bonheur ne s’opposent donc pas frontalement Ă  lui ; ce sont plutĂŽt des sensations qui peuvent l’accompagner sans avoir Ă©tĂ© recherchĂ©es pour elles-mĂȘmes. Le bonheur dĂ©pend-il vraiment de nous ? Cerner thĂ©oriquement le bonheur est utile pour mieux comprendre la façon dont il est possible de l’atteindre ; mais dĂ©pend-il vraiment de soi d’ĂȘtre heureux ? Si Matthieu Ricard l’affirme et le dĂ©montre plus ou moins tout au long du livre, c’est le chapitre 21 qui apporte la rĂ©ponse la plus scientifique Ă  ce sujet. La biologie est-elle complĂštement dĂ©terminante ? D’une part, il est vrai que nous dĂ©pendons de notre rĂ©alitĂ© biologique. Certaines personnes ne ressentent pas la peur car leur amygdale dans le cerveau ne fonctionne pas correctement. À l’inverse, l’autopsie d’un tueur en sĂ©rie expliquant qu’il ne pouvait pas rĂ©sister Ă  ses pulsions de haine a rĂ©vĂ©lĂ© une tumeur comprimant son amygdale et qui Ă©tait sĂ»rement Ă  l’origine de ses actions. Par ailleurs, il n’y a pas de centre des Ă©motions dans le cerveau car les Ă©motions sont des phĂ©nomĂšnes associĂ©s Ă  des processus cognitif qui mettent en interaction plusieurs aires. Le cortex prĂ©frontal gauche est plutĂŽt associĂ© aux sentiments positifs ; le cortex prĂ©frontal droit aux Ă©tats mentaux nĂ©gatifs. Un accident qui endommage le cortex prĂ©frontal gauche peut rendre un individu plus sujet Ă  la dĂ©pression. Chez les enfants, l’introversion ou l’extraversion est dĂ©terminĂ©e par l’activitĂ© du cortex. Les enfants ont un profil psychologique proche de leurs parents, mĂȘme dans le cas d’adoption. On estime que les gĂšnes contribuent Ă  50% au bonheur. Tout cela laisse penser que le cerveau dĂ©termine notre Ă©tat d’esprit. Est-ce vraiment le cas ? La plasticitĂ© du cerveau En rĂ©alitĂ©, les neurosciences ont dĂ©montrĂ© depuis plusieurs annĂ©es la plasticitĂ© du cerveau. L’Institut Mind and Life a Ă©tudiĂ© en 2000 le fonctionnement du cerveau chez les pratiquants de mĂ©ditation. Si Matthieu Ricard se montre prudent en soulignant que les rĂ©sultats obtenus sont prĂ©liminaires, ils n’en sont pas moins trĂšs encourageants. À cette occasion, Öser, un moine europĂ©en qui a vĂ©cu et pratiquĂ© depuis trente ans dans les monastĂšres himalayens auprĂšs de grands maĂźtres tibĂ©tains, a Ă©tĂ© le sujet d’un protocole scientifique conçu pour Ă©tudier le contrĂŽle qu’il avait sur son cerveau. Sous l’analyse attentive d’une IRM, il est parvenu Ă  passer Ă  volontĂ© sur six Ă©tats de mĂ©ditation diffĂ©rents la concentration, la prĂ©sence Ă©veillĂ©e, la visualisation, la mĂ©ditation sur l’amour et la compassion, l’intrĂ©piditĂ© ou force intĂ©rieure, la dĂ©votion. Les six Ă©tats de mĂ©ditation L’expĂ©rience a durĂ© trois heures et l’analyse des donnĂ©es a montrĂ© plusieurs choses Öser avait pu volontairement rĂ©guler son activitĂ© cĂ©rĂ©brale. En comparaison, la plupart des sujets inexpĂ©rimentĂ©s auxquels on assigne un exercice mental – se concentrer sur un objet ou un Ă©vĂ©nement, visualiser une image, etc. – s’avĂšrent incapables de limiter leur activitĂ© mentale Ă  cette tĂąche » Par ailleurs, ces premiĂšres analyses rĂ©vĂ©laient que chaque nouvel Ă©tat est chaque mĂ©ditation nouvelle effectuĂ©e par Oser produisaient des changements notables et distincts du signal de l’IRMf. » rĂ©sultats indiquent Ă©galement que la pratique de la mĂ©ditation semble dĂ©velopper de façon significative l’activitĂ© du cortex prĂ©frontal gauche, qui gĂšre notamment la compassion. L’enquĂȘte ne s’est pas arrĂȘtĂ©e lĂ . D’autres tests ont Ă©tĂ© mis en place, comme celui pour mesurer la capacitĂ© Ă  l’empathie et Ă  la perspicacitĂ©. Il consiste Ă  identifier sur un Ă©cran l’une des six Ă©motions universelles, durant un trentiĂšme de seconde on peut la rater en clignant des yeux – ce rythme permet de passer les barriĂšres imposĂ©es par les tabous culturels. Deux moines, dont Öser, ont Ă©tĂ© testĂ©s. Les rĂ©sultats sont sans appel Ils font mieux que les policiers, les avocats, les psychiatres, les agents des douanes, les juges, et mĂȘme que les agents de services secrets, groupe qui s’était jusqu’alors montrĂ© le plus prĂ©cis » ContrĂŽle d’un rĂ©flexe primitif Plus encore, Öser fut le premier Ă  ne pas sursauter Ă  un test calibrĂ© pour faire ressortir ce rĂ©flexe primitif. Le protocole est le suivant sur un Ă©cran, un dĂ©compte de 10 Ă  1, puis un grand bruit. On demande au participant de rĂ©primer le plus possible le tressaillement. En parallĂšle, on enregistre les mouvements corporels, le pouls, le taux de sudation et la tempĂ©rature de la peau. MĂȘme les tireurs d’élite de la police, qui tirent pourtant des coups de feu tous les jours, ne peuvent s’empĂȘcher de sursauter. Öser, lui, l’a fait. Sa technique a Ă©tĂ© la suivante il n’a pas essayĂ© de contrĂŽler le sursaut, mais il s’est mis dans un Ă©tat de prĂ©sence Ă©veillĂ©e, qui lui a fait paraĂźtre la dĂ©tonation comme beaucoup plus faible. Quelques lĂ©gers changements physiologiques se sont produits, mais pas un seul muscle du visage n’a bougĂ©. Le corps a rĂ©agi aux effets de la dĂ©tonation mais le son n’a eu aucun impact Ă©motionnel. Cela est Ă  rapprocher des proto-Ă©motions que dĂ©crit SĂ©nĂšque la rougeur, les mains moites, etc. qui sont des rĂ©actions physiologiques incontrĂŽlables et n’ont rien Ă  voir avec le contrĂŽle de soi via l’esprit. C’est en tout cas la premiĂšre fois qu’on atteste de la possibilitĂ© de supprimer un rĂ©flexe aussi ancestral. Le DalaĂŻ-Lama, invitĂ© au cours de ces Ă©tudes, explique En exerçant leur esprit, les gens peuvent devenir plus calmes – notamment les plus cyclothymiques. C’est ce qu’indiquent ces travaux sur l’entraĂźnement de l’esprit selon le bouddhisme. Et c’est lĂ  mon objectif principal je ne cherche pas Ă  promouvoir le bouddhisme, mais plutĂŽt la façon dont la tradition bouddhiste peut contribuer au bien de la sociĂ©tĂ©. Il va de soi qu’en tant que bouddhistes nous prions sans cesse pour tous les ĂȘtres. Mais nous ne sommes que des ĂȘtres humains ordinaires et le mieux que nous puissions faire, c’est de cultiver notre propre esprit ». Le bouddhisme, comme le stoĂŻcisme ou n’importe quel autre systĂšme accordant une place importante aux exercices spirituels, est une thĂ©rapie de l’ñme. Les pratiquants de philosophie pratique savent depuis longtemps qu’il est possible de contrĂŽler son Ă©tat d’esprit. Les rĂ©sultats obtenus par le Mind and Life Institute permettent de mieux comprendre ces transformations de soi et donnent espoir quant Ă  la possibilitĂ© pour chacun de changer, d’aller vers un mieux-ĂȘtre. L’auteur, dans cette perspective, admet que Le bonheur ne nous est pas donnĂ©, ni le malheur imposĂ©. Nous sommes Ă  chaque instant Ă  une croisĂ©e de chemins et il nous appartient de choisir la direction Ă  prendre ».p. 38 Cultiver son bonheur les exercices spirituels AprĂšs la thĂ©orie vient la pratique. Tout au long de l’ouvrage, l’auteur prĂ©sente diffĂ©rents exercices pour commencer ici et maintenant la transformation de soi. Il faut d’abord distinguer les Ă©motions positives des Ă©motions nĂ©gatives. Les Ă©motions positives sont celles qui vont dans le sens de soukha, du bien-ĂȘtre ; les Ă©motions nĂ©gatives celles qui vont dans le sens du mal-ĂȘtre, vers une moindre luciditĂ©, une moindre libertĂ© intĂ©rieure. En prendre conscience permet d’ĂȘtre plus attentif Ă  soi. Parmi les Ă©motions positives, on trouve par exemple la compassion, l’amour, la joie sereine, etc. ; parmi les Ă©motions nĂ©gatives, on trouve par exemple l’envie, la jalousie, la colĂšre, la haine, le dĂ©sir aliĂ©nant, etc. Il faut faire attention Ă  certaines subtilitĂ©s faire une remarque intelligente mais malveillante renforce le mal-ĂȘtre ; ĂȘtre triste ou insatisfait devant une incapacitĂ© actuelle Ă  soulager une souffrance ne nuit pas au bien-ĂȘtre car cela encourage Ă  cultiver l’altruisme et Ă  la mettre en action. Le stoĂŻcisme serait peut-ĂȘtre plus apathique ici, estimant qu’il est possible d’ĂȘtre altruiste sans ressentir d’insatisfaction ni de tristesse, mais par devoir moral et simple amour de l’autre. Exercices relatifs aux Ă©motions Une fois cette dichotomie Ă©motionnelle Ă©tablie, il existe plusieurs mĂ©thodes pour mieux gĂ©rer ses Ă©motions. On peut utiliser des antidotes. L’antidote Ă  la haine par exemple est l’amour altruiste. Il ne s’agit pas de refouler sa haine mais de diriger son attention vers un sentiment opposĂ© la compassion. Il faut ainsi raviver sa propre aspiration au bonheur, faire preuve d’amour envers soi, puis Ă©tendre cela Ă  nos proches et, finalement, Ă  tous les ĂȘtres, amis, inconnus et ennemis. Cela se rapproche de la logique des cercles de HiĂ©roclĂšs oĂč l’amour de soi s’étend aux autres. Dans la jalousie et l’envie, si la luciditĂ© est suffisante, il faut utiliser l’antidote du dĂ©tachement simplement observer ses Ă©motions, les images et ne pas s’y identifier, ne pas les entretenir. Tout cela relĂšve de l’expĂ©rience introspective. Une autre mĂ©thode consiste Ă  examiner la nature de l’émotion elle-mĂȘme, concentrer son attention sur ce qu’elle est en nous et non sur l’objet oĂč elle se projette. Si une bouffĂ©e de colĂšre nous submerge soudainement, il faut essayer de saisir les caractĂ©ristiques de cette Ă©motion quelle est sa forme ? OĂč est-elle localisĂ©e ? Quelle est sa couleur ? Au fur et Ă  mesure qu’on cherche Ă  la saisir, elle disparaĂźt naturellement, car elle n’existe pas vraiment. Cette colĂšre, comme n’importe quelle autre Ă©motion, naĂźt de notre esprit, y dure quelques instants et s’y dissout Ă  nouveau. Elle n’a aucune consistance propre c’est ce que le bouddhisme appelle la libĂ©ration de la colĂšre au moment oĂč elle surgit, en reconnaissant son caractĂšre de vacuitĂ©, son absence d’existence propre. » Souvent, cette analyse est rĂ©alisĂ©e aprĂšs la crise ; il convient d’essayer de la faire au moment-mĂȘme oĂč elle s’annonce. Une troisiĂšme mĂ©thode propose d’utiliser les Ă©motions comme catalyseurs. En fait, en supprimant le moi » de l’émotion, c’est-Ă -dire son identification Ă  l’émotion, on peut en garder l’énergie que cette derniĂšre nous procure. Le dĂ©sir possĂšde un aspect de fĂ©licitĂ© ; la jalousie, une dĂ©termination Ă  agir qui ne peut ĂȘtre confondue avec l’insatisfaction malsaine qu’elle entraĂźne, etc. Cette derniĂšre mĂ©thode reste nĂ©anmoins plus subtile et dĂ©licate Ă  mettre en place car elle requiert une trĂšs bonne comprĂ©hension de la nature de l’esprit. PossĂ©der ses dĂ©sirs au lieu d’ĂȘtre possĂ©dĂ© par eux Au-delĂ  d’une sage gestion des Ă©motions, le bonheur s’acquiert aussi en s’exerçant sur son dĂ©sir. Matthieu Ricard consacre plusieurs pages Ă  discuter du fait que le dĂ©sir est mauvais pour soi s’il devient obsessionnel. Il distingue aussi de façon intĂ©ressante le fait de ressentir un besoin » et d’ aimer » quelque chose. Ce ne sont pas les mĂȘmes aires cĂ©rĂ©brales qui s’activent. Ainsi, on peut ressentir un manque, un besoin, mais ne pas apprĂ©cier la sensation du besoin satisfait. On dĂ©sire alors sans aimer. C’est le cas de nombreuses personnes dans l’addiction qui ne savent plus sortir de ce cercle vicieux. On peut aussi aimer quelque chose ou quelqu’un sans Ă©prouver de manque Ă  son Ă©gard. Pour mieux contrĂŽler son dĂ©sir, il faut s’entraĂźner Ă  une certaine vigilance envers les images mentales. Une pulsion est souvent le rĂ©sultat d’une image qui en entraĂźne une autre, puis une autre, etc. En prenant conscience des images dĂšs qu’elles surviennent, on peut interrompre cette mĂ©canique qui mĂšne vers le dĂ©sir. Il faut crĂ©er de la distance entre l’image et notre rĂ©action pour reprendre du contrĂŽle. Plus loin dans l’ouvrage, Matthieu Ricard propose d’apprendre Ă  remonter Ă  la source mĂȘme des pensĂ©es Ă  travers un autre exercice spirituel Au lieu de nous agiter de la sorte, regardons simplement ce qui se trouve au fond de l’esprit, Ă  l’arriĂšre-plan des pensĂ©es. N’y a-t-il pas lĂ  une prĂ©sence Ă©veillĂ©e, libre de fabrications mentales, transparentes, lumineuse, qui ne troublent pas les idĂ©es relatives au passĂ©, au prĂ©sent et au futur ? En essayant ainsi de rester dans l’instant prĂ©sent, libre de concepts, en agrandissant peu Ă  peu l’intervalle qui sĂ©pare la disparition d’une pensĂ©e de l’apparition de la suivante, il est possible de demeurer dans un Ă©tat de simplicitĂ© limpide qui, pour ĂȘtre libre de fabrications mentales, n’en est pas moins lucide, et qui, pour persister sans effort, n’en est pas moins vigilant. » Il s’agit encore d’une forme d’attention Ă  soi-mĂȘme, dirigĂ© vers la conscience pure cette fois. En prenant une telle distance avec cela, le calme existe mĂȘme au milieu de la tempĂȘte. Autres exercices spirituels Tout au long de l’ouvrage, de nombreux autres exercices de mĂ©ditation sont prĂ©sentĂ©s. Par exemple L’échange du bonheur et de la souffrance qui consiste Ă  visualiser un sentiment de compassion, de chaleur humaine Ă  l’égard de tous les ĂȘtres, puis Ă  expirer ce bonheur envers eux, Ă  visualiser le fait qu’ils absorbent nectar bienfaisant, puis Ă  inspirer tous leurs malheurs, Ă  s’imaginer le soulagement que cela leur procure, Ă  comprendre que ces malheurs n’existent pas vraiment, Ă  ressentir de la joie Ă  l’idĂ©e qu’on les a dĂ©chargĂ©s d’un poids sans que cela nous alourdisse. Cet exercice se pratique n’importe quand envers n’importe quel ĂȘtre. Les images peuvent ĂȘtre changĂ©es tant qu’elles respectent la logique de l’échange, de l’amour et de la la sĂ©rĂ©nitĂ© en changeant intĂ©rieurement d’environnement cet exercice consiste Ă  faire cesser la puissance d’un sentiment de dĂ©sir, d’envie, d’orgueil, d’agressivitĂ© ou de cupiditĂ© en se transportant mentalement au bord d’un lac tranquille, dans un ermitage qui s’ouvre Ă  flanc de montagne dans un paysage immense ou un paysage naturel similaireCultiver la sĂ©rĂ©nitĂ© Ă  travers le vĂ©ritable dĂ©tachement cet exercice consiste Ă  observer d’une façon nouvelle l’objet de notre attachement et Ă  comprendre que ce qui nous fait souffrir, ce n’est pas cet objet, mais la façon dont on se cramponne Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ© en s’inspirant des modĂšles de sagesse cet exercice consiste Ă  imaginer que le Bouddha, Socrate, saint François d’Assise ou n’importe quel autre sage nous observe ou bien Ă  se demander ce que ces personnes feraient dans notre situation. C’est un exercice que l’on retrouve souvent dans les textes des obstacles une force cet exercice consiste Ă  voir les enseignements contenus dans chaque difficultĂ© et chaque expĂ©rience. Matthieu Ricard rĂ©sume joliment son principe les troubles que l’on traverse renferment un prĂ©cieux potentiel de transformation, un trĂ©sor d’énergie oĂč l’on peut puiser Ă  pleines mains la force vive qui rend apte Ă  construire ce que l’indiffĂ©rence ou l’apathie ne permettent pas. » renoncement l’exercice ne consiste pas Ă  se priver de ce qui nous procure joie et bonheur mais de mettre un terme Ă  ce qui nous cause d’innombrables et incessants tourments dĂ©cider de sortir du trou, de prendre conscience des habitudes nĂ©fastes de notre quotidien. Cela requiert du courage il faut faire face Ă  soi-mĂȘme, analyser les causes de sa souffrance, se donner le temps et la peine de changer cela. La question Ă  se poser Ă  propos d’un certain nombre d’élĂ©ments de notre vie est cela va-t-il me rendre plus heureux ? ». Le renoncement, qui est un non-attachement, a une connotation de joie, d’effort enthousiaste et de libertĂ©. Il existe encore de nombreux autres exercices et la liste n’est pas exhaustive. En fait, il y a autant de moyens d’ĂȘtre heureux que d’ĂȘtre malheureux. C’est pour cela que les textes bouddhistes font Ă©tat de 84 000 Ă©motions nĂ©gatives tĂ©moignant de la complexitĂ© de l’esprit humain et en mĂȘme temps de 84 000 portes qui mĂšnent au chemin de la transformation intĂ©rieure. Cela signifie que les Ă©motions nĂ©gatives ne sont jamais une fin en soi. Le bonheur et la sagesse Comprendre que ces exercices nous conduisent vers le bonheur, vers l’adĂ©quation entre la pensĂ©e et les choses, vers l’épanouissement, c’est faire preuve de sagesse, car la sagesse est prĂ©cisĂ©ment ce qui permet de distinguer les pensĂ©es et les actes qui contribuent au bonheur authentique de ceux qui le dĂ©truisent. La sagesse relĂšve de l’expĂ©rience, non de dogmes » C’est aussi elle qui, unie Ă  une motivation altruiste, permet de juger, cas par cas, de l’opportunitĂ© d’une dĂ©cision. La sagesse ne dit pas que voler ou mentir est mal dans l’absolu ; il peut y avoir certaines situations oĂč cela est une bonne action mentir pour protĂ©ger la vie d’un innocent par exemple. ReconnaĂźtre ces situations et agir en tenant compte du Bien et du Juste plutĂŽt que du lĂ©gal et du conventionnel, c’est faire preuve de sagesse. La sagesse est une composante essentielle de l’éthique de la vertu, que le stoĂŻcisme et le bouddhisme ont en commun. Matthieu Ricard consacre justement tout un chapitre Ă  la sagesse L’éthique, la science du bonheur?, 22. Tout d’abord, c’est elle qui nous permet au mieux de prendre soin de soi-mĂȘme en tant qu’ĂȘtre vivant et ĂȘtre de raison. La sagesse nous libĂšre de la souffrance, des passions, des illusions. Elle rĂ©pond Ă  ce besoin naturel de chacun, qui est de connaĂźtre le bien-ĂȘtre et d’éviter le mal-ĂȘtre ; ce que les Grecs ont appelĂ© oĂŻkĂ©iosis, traduit par sentiment d’appropriation Ă  soi-mĂȘme ». L’auteur cite le philosophe Han de Wit Ce dĂ©sir humain, universel, n’est pas basĂ© sur des opinions ou des idĂ©es, ni sur le jugement moral qui dĂ©crĂ©terait qu’il est bon de l’éprouver [
]. Pour le bouddhisme [et le stoĂŻcisme !], l’existence d’un tel dĂ©sir n’est pas Ă  dĂ©montrer, il relĂšve de l’expĂ©rience, il vit en nous. C’est la force douce que possĂšdent tous les ĂȘtres vivants. Pas seulement, les ĂȘtres humains mais aussi les animaux sans foi ni loi’ ». Ensuite, cette sagesse, unie Ă  une intentionnalitĂ© altruiste vĂ©ritable, dĂ©passe les insuffisances des autres systĂšmes Ă©thiques. Pour illustrer cela, l’auteur prend des exemples classiques de philosophie morale. L’un des dilemmes est le suivant faudrait-il accepter de torturer un enfant pour sauver l’humanitĂ© ? Pour les dĂ©ontologiques comme Kant, qui pensent qu’une action est bonne dĂšs lors qu’elle suit une rĂšgle morale bonne en soi, il ne faut pas faire cela car on irait Ă  l’encontre de la justice. Les utilitaristes, qui considĂšrent qu’une action est bonne si elle contribue au bonheur d’autrui et/ou du plus grand nombre, sont aussi bien limitĂ©s dans leur rĂ©ponse si la justice n’était qu’un contrat d’utilitĂ©, qu’une maximisation du bien-ĂȘtre collectif, il pourrait ĂȘtre juste de sacrifier quelques personnes innocentes pour faire le bonheur de tous ; mais ce n’est pas la dĂ©finition de la justice. La rĂ©ponse de l’éthique de la vertu est la suivante On ne sacrifierait la justice que si l’on dĂ©crĂ©tait que le choix de sacrifier un enfant pour en sauver mille Ă©tait en principe acceptable. Or il ne s’agit pas de l’accepter, mais d’éviter concrĂštement le plus de souffrance possible. Entre deux solutions aussi inacceptables l’une que l’autre, il ne s’agit pas d’ériger le bonheur du plus grand nombre » en dogme, de considĂ©rer l’enfant innocent comme un simple moyen de sauver la vie des autres, au mĂ©pris de son propre droit Ă  la vie, mais, face Ă  une situation rĂ©elle, inĂ©vitable, de faire le choix du moindre mal en termes de altruisme vrai n’hĂ©siterait pas Ă  donner sa vie et Ă  mourir Ă  la place de l’enfant, mais s’il est mis au pied du mur et doit faire ce choix en ne disposant que de quelques secondes pour dĂ©cider, que va-t-il faire ? Que doit-il faire ? Laisser une, ou mille personnes mourir ? En dĂ©cidant d’épargner mille personnes aussi innocentes que l’enfant, la Justice abstrait et dĂ©sincarnĂ©e – celle qui faisait dire Ă  Voltaire la vie d’un homme vaut autant que la vie d’un million d’hommes » – est peut-ĂȘtre sacrifiĂ©e, mais une montagne de souffrance est Ă©vitĂ©e. Ce choix n’a pas dĂ©chirĂ© le tissue de la justice pour les temps futurs ; il n’a pas compromis Ă  long terme la santĂ© morale de l’humanitĂ©, dans la mesure oĂč celui qui a pris cette dĂ©cision dramatique n’a jamais, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, acceptĂ© en son for intĂ©rieur de sacrifier l’enfant. Entre deux refus, il a choisi de refuser davantage la mort d’un millier que d’un seul. » – 326. Pour donner un autre exemple similaire, dans Le Choix de Sophie roman de Wiliam Styron, un nazi somme l’hĂ©roĂŻne, Sophie, de dĂ©signer lequel de ses deux enfants ira pĂ©rir dans une chambre Ă  gaz, l’autre devant ĂȘtre Ă©pargnĂ©. Si elle ne fait aucun choix, les deux mourront. Le dĂ©ontologisme conduirait au sacrifice des deux enfants au nom de la Justice et l’utilitarisme n’aurait guĂšre de choses Ă  dire ici. Au lieu de voir le choix comme le sacrifice de l’un de ses deux enfants, l’éthique de la vertu invite Ă  voir cela comme le sauvetage de l’autre. Et, le choix Ă©tant impossible sur des fondements logiques, il faut s’en remettre au hasard au moment de la sĂ©lection Un tel choix ne crĂ©erait pas un prĂ©cĂ©dent, ne constituerait pas un manque d’amour ou de respect envers la vie de l’un des deux enfants, cela serait simplement un acte de compassion dĂ©sespĂ©rĂ©e, un ultime sursaut vers la vie au sein de l’horreur ». Encore une fois, l’auteur trouve les mots justes pour rĂ©sumer l’universalitĂ© et la richesse de cette Ă©thique Bien que tous les cas de morale ne se situent pas dans des situations aussi dramatiques, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, l’éthique incarnĂ©e doit donc prendre en considĂ©ration avec une extrĂȘme perspicacitĂ© et une compassion inconditionnelle, tous les tenants et aboutissants d’une situation donnĂ©e. Elle constitue un dĂ©fi constant, car elle exige une motivation parfaitement impartiale et altruiste, ainsi qu’un dĂ©sir infaillible de remĂ©dier aux souffrances des ĂȘtres. Elle est la plus difficile Ă  mettre en Ɠuvre car elle transcende le recours automatique et aveugle Ă  la lettre des lois et codes moraux. » L’éthique de la vertu est donc la plus Ă  mĂȘme de nous rendre heureux. Contrairement Ă  l’utilitarisme, elle ne considĂšre pas que le bonheur se rĂ©sume Ă  une arithmĂ©tique des plaisirs et des peines. Le bonheur, dans l’éthique de la vertu, est une opĂ©ration de l’esprit qui appelle Ă  une pratique de transformation personnelle. Le bonheur ne se rĂ©sume pas aux plaisirs. Dans les deux derniers chapitres, Matthieu Ricard Ă©voque la mort et notre rapport souvent nĂ©vrosĂ©e envers celle-ci ainsi que l’Éveil, qui est la finalitĂ© de la pratique philosophique dans le bouddhisme. L’Éveil est l’état de non-dualitĂ© il n’y a plus d’ego, plus d’illusions, plus de fabrications intellectuelles, plus de pensĂ©es perturbatrices. C’est un Ă©tat proche de l’apatheia stoĂŻcienne. Conclusion En rĂ©sumĂ©, le livre de Matthieu Ricard doit se lire avec patience, en prenant le temps de digĂ©rer chaque idĂ©e. Vouloir lire d’une traite cet ouvrage serait une erreur. S’il y a de nombreuses rĂ©pĂ©titions, ces derniĂšres ont une vocation pĂ©dagogique. Par rapport au stoĂŻcisme, les idĂ©es Ă©voquĂ©es sont quasiment toujours en adĂ©quation. La seule exception concerne peut-ĂȘtre la colĂšre, considĂ©rĂ©e comme une Ă©motion qu’il peut ĂȘtre juste d’avoir de façon mesurĂ©e en contexte donnĂ©e ; pour les stoĂŻciens, la colĂšre est toujours irrationnelle et mieux vaut la simuler que la vivre de façon prĂ©tendument modĂ©rĂ©e. Dans tous les cas, Plaidoyer pour le bonheur, est, je pense, un livre qui peut prĂ©venir bien des nĂ©vroses et des dĂ©pressions et qui permet de trouver par soi-mĂȘme le sens de la vie. Matthieu Ricard met des mots sur des idĂ©es parfois complexes, sur l’expĂ©rience de la sagesse souvent rĂ©putĂ©e indicible et guide pas Ă  pas le lecteur pour qu’il puisse lui aussi s’épanouir dans son existence humaine. C’est une Ɠuvre gĂ©nĂ©reuse, qui se met au service de la Raison, de l’humanitĂ©, de la sagesse ; et ces choses-lĂ  ne sont le propre d’aucune École. Informations pratiques Plaidoyer pour le bonheurAuteur Matthieu RicardPremiĂšre date de publication 2003Éditions utilisĂ©es pour le compte-rendu NiL Ă©ditions, 2003Nombre de page 384ISBN 978-2-266-14460-5Acheter en ligne 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID L_thP9BExZGWoySiqtLCOPTy7_reXcSJbhF74EjLHkQl2FFlv70icQ== Les 35 citations et proverbes sacrifier La femme qui a sacrifiĂ© son honneur Ă  celui qu'elle aime est la meilleure gardienne de l'honneur de son amour. Citation de Auguste-Louis Petiet ; Les pensĂ©es, maximes et rĂ©flexions 1851 Quiconque sacrifie son moi reçoit en Ă©change l'infini. Citation de Victor Cherbuliez ; L'aventure de Ladislas Bolski 1865 On ne peut sacrifier l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă  une coalition quelconque d'intĂ©rĂȘts particuliers, fussent-ils trĂšs puissants. Citation de Samuel Ferdinand-Lop ; Les nouvelles pensĂ©es et maximes 1970 Dieu est moins jaloux des idoles auxquelles nous sacrifions Ă  la face du soleil que de celles que nous adorons dans la nuit de notre cƓur. Citation de Victor Cherbuliez ; Les pensĂ©es extraites de ses Ɠuvres 1913 Tout notre tour d'adresse consiste Ă  sacrifier notre existence pour exister. Citation de Johann Wolfgang von Goethe ; Les maximes et rĂ©flexions 1749-1832 On sacrifie sa vie Ă  son honneur, souvent son honneur Ă  sa fortune, et quelquefois sa fortune Ă  la crainte du ridicule. Citation de Charles Pinot Duclos ; Les morceaux choisis 1810 La passion porte la femme Ă  se sacrifier, et l'homme Ă  demander. Citation de SosthĂšne de La Rochefoucauld-Doudeauville ; Le livre des pensĂ©es 1861 La sagesse consiste Ă  savoir sacrifier une partie de ses opinions, de ses intĂ©rĂȘts et de ses volontĂ©s pour sauver le reste. Citation de Victor Cherbuliez ; Olivier Maugant 1885 Le devoir commande de sacrifier les petites obligations aux grandes. Citation de Victor Cherbuliez ; Les pensĂ©es extraites de ses Ɠuvres 1913 Sacrifier ses intĂ©rĂȘts Ă  ses convictions pour une Ăąme bien nĂ©e est un plaisir. Citation de Victor Cherbuliez ; Olivier Maugant 1885 Il est dans ce monde une Ăąme, sƓur de la mienne, dans laquelle je puis verser sans crainte tous mes soucis, toutes mes pensĂ©es, tous mes chagrins et toutes mes espĂ©rances. Il est un ĂȘtre qui s'occupe sans cesse de moi, dont mon bonheur est la grande affaire, l'intĂ©rĂȘt suprĂȘme, un ĂȘtre Ă  qui je puis tout dire, tout confesser, un ĂȘtre qui m'aime parce qu'il me connaĂźt et qui me connaĂźt parce qu'il m'aime, un ĂȘtre qui vit avec moi, qui vit en moi, et qui saurait, s'il

se sacrifier pour le bonheur des autres