đŸŒŹïž Lettre De George Sand À Alfred De Musset Pdf

Alfredde Musset (fĂždt 11. december 1810 i Paris, dĂžd 2. maj 1857 sammesteds) var en fransk forfatter, der regnes for en af de betydningsfulde forfattere i den franske romantik. Uddannelse og tidlig karriere. Han tilhĂžrte en gammel adelig slĂŠgt og var sĂžn af en forfatter – der bl.a. havde udgivet en levnedsbeskrivelse af Rousseau – gik i College Henri IV, studerede lidt medicin og Bettined’Alfred de Musset ComĂ©die en un acte et en prose, publiĂ©e en 1851 et reprĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois sur le théùtre du Gymnase dramatique, le 30 octobre 1851. Distribution : 5 hommes, 1 femme Texte Ă  tĂ©lĂ©charger gratuitement sur Libre Théùtre L’argument Bettine est une jeune et jolie cantatrice italienne qui a quittĂ© [] DĂ©couvrezle poĂšme "A George Sand (V)" Ă©crit par Alfred de MUSSET. Ce poĂšte de France est nĂ© en 1810, mort en 1857. "A George Sand (V)" de de MUSSET est un poĂšme classique faisant partie du recueil PoĂ©sies posthumes. Vous avez besoin de ce poĂšme pour vos cours ou alors pour votre propre plaisir ? Alors dĂ©couvrez-le sur cette page. Le Cerecueil inĂ©dit rĂ©unit plus de 150 lettres d'Ă©crivains et de monarques, de simples soldats et d'anonymes, d'hommes et de femmes, parmi les plus belles de la langue française. ClassĂ©es en sept parties (« Lettres d'amour », « Lettres de rupture », « Lettres politiques », « Lettres sur la mort », « Lettres de guerre », « Lettres d'artistes », « Lettres d'injures »), elles Lettrede George Sand Ă  Alfred de Musset. Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je Varchi George Sand et Musset (IV, 11) et en comparer le traitement. 1.La scĂšne du meurtre : lecture comparative des textes de Varchi, Sand et Musset afin de dĂ©gager les spĂ©cificitĂ©s de Musset 2.Analyse de propositions de mises en scĂšne de l'acte IV, scĂšne 11 Ă  partir d'un diaporama. 3.Traitement de deux sujets (plan concessif et plan Sile cinĂ©ma avait Ă©tĂ© inventĂ© au dĂ©but du XIXe siĂšcle, George Sand aurait Ă©tĂ© jusqu'Ă  sa mort, en 1876, la vedette des actualitĂ©s. Pour LETTREDE GEORGE SAND A ALFRED DE MUSSET ! A lire du dĂ©but Ă  la fin pour comprendre l'humour de cette lettre! Je suis tres emue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit la une preuve que je puisse etre aimee par vous. Je suis prete a Jevous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux. Alfred de Musset Cette insigne faveur que votre cƓur rĂ©clame Nuit Ă  ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă  mon Ăąme. George Sand 0nhj3a. Actif Inscription Jul 2007 Messages 1532 Localisation Planete Terre.. 4em arrondissement.. 2em tour a gauche. voici une lettre que George Sand a envoyĂ©e a Alfred de Musset je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit lĂ  une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. je suis prĂȘte Ă  montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dĂ©voiler sans artifice mon Ăąme toute nue, venez me faire une visite. nous causerons en amis, franchement. je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l'affection la plus profonde comme la plus Ă©troite en amitiĂ©, en un mot la meilleur preuve que vous puissiez rĂȘver, puisque votre Ăąme est libre. pensez que la solitude ou j'ha- bite est trĂšs longue, bien dure et souvent difficile. ainsi, en y songeant j'ai l'Ăąme grosse. accourez donc vite et venez me la faire oublier par l'amour ou je veux me mettre. Musset s'empressa de rĂ©pondre quand je mets Ă  vos pieds un Ă©ternel hommage, voulez vous qu'un instant je change de visage ? vous avez capturĂ© les sentiments d'un cƓur que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire couche sur le papier ce que je n'ose dire. avec soin de mes vers lisez les premiers mots vous saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux Romantique n'est ce pas? Maintenant relis la lettre de Sand une ligne sur deux...et les premiers mots de chaque ligne de celle de Musset tout ceci est authentique, comme quoi ils se marraient bien au XIX Ăšme siĂšcle!! ConfirmĂ© Inscription Apr 2007 Messages 683 Localisation Dans un cĂ©notaphe Pourquoi se parlent-ils avec des messages codĂ©s? En rĂ©alitĂ©, le niveau de cryptage est bas ce qui montre que mĂȘme si on interceptait 'par satellitetong' leurs lettres, on va pas les comprendre. ça peut rĂ©vĂ©ler que cette technique etait une ingeniositĂ© au top de l'intelligence, c'est facile de s'apercevoir qu'en sautant une ligne, le message devient une connerie. J'ai pensĂ© une fois Ă  une technique rĂ©cente de communication discrete, eh bien, qqn ecrit un message avec des fautes d'orthographes, les lettres qui manquent constitueront un message plus ingenieux. Comment Actif Inscription Jul 2007 Messages 1532 Localisation Planete Terre.. 4em arrondissement.. 2em tour a gauche. we je peux imaginer a quel point on se prenais pour des genies de cryptages rien que pcq on peut ecrire des msg codes com celui la! mais loin de toute critiques de la technique.. je trouve que c tres bien ecrit, et tre drole mm. pour ta techniq de cryptage.. elle sera pas difficile de a dechifrer sauf que la run in hole stucks there. and it is what hey ultra v un truc de fou vient de marriver. jetais en train decrire ce poste et voila que 3inaya ghfet pr un instant, je rentre deja dans un cycle de someil, je commence mm a rever, le plus marrant c que jai continu a ecrire.. je sais mm pas combien de temps je suis rester dans cet etat.. mais c la 1ere fois que ca marrive! aya bnsoiree nnes lkol jen peut pli bye Comment Actif Inscription Oct 2005 Messages 1916 Localisation Lyon;Tunis .... hi!!! bons les gars je trouve que le poĂ©me est trĂ©s jolie mais je pense pas que le codage sois rĂ©ellement eux qu'ils l'ont fais!!!vous etes bien sures que c'est voulu?!! EN TOUT CAS G BIEN RIGOLĂ©e!!!tong ps si c faux les pauvres ils doivent se retournĂ©s ds leurs tombes!!! Comment Nouveau Inscription Oct 2007 Messages 40 Localisation Garges les Gonesse Ah l'humeur grivois de nos amiEs gaulois me fera toujours aussi dĂ©lirer! Comment FidĂšle Inscription Aug 2007 Messages 5137 Localisation Bonheurland Si, c'est vĂ©ridique, on a appris ces lettres quand j'Ă©tais au collĂšge avec le prof de français ! Comment Actif Inscription Oct 2007 Messages 1256 Localisation Tunis EnvoyĂ© par Douce Voir le message Si, c'est vĂ©ridique, on a appris ces lettres quand j'Ă©tais au collĂšge avec le prof de français ! eh bien oui les deux lettres appartenaient bel et bien aux deux poĂštes citĂ©s ,connus par leurs folles amours Ils n'avaient pas seulement ces deux lettres "Ă©rotiques Ă  leur actif" beaucoup d'autres lettres sont listĂ©es je continue avec la reponse de G sand Ă  la question de Musset "quand voulez vous que je couche avec vous? Cette insigne faveur que votre coeur rĂ©clame Nuit Ă  ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă  mon Ăąme. littĂ©rairement votre! Comment Actif Inscription Nov 2006 Messages 2298 Localisation chebba ya 3omri Comment Nouveau Inscription Oct 2007 Messages 27 bon c particulier mĂ© d'ab c toi qui l'a Ă©crit ou tu la trouver qque part??? Ù†Ű­Ù† قوم ŰŁŰčŰČÙ†Ű§ Ű§Ù„Ù„Ù‡ ŰšŰ§Ù„Ű„ŰłÙ„Ű§Ù…ŰŒ ÙŰ„Ù† ۧۚŰȘŰșÙŠÙ†Ű§ Ű§Ù„ŰčŰČŰ© ŰšŰșÙŠŰ± Ű§Ù„Ű„ŰłÙ„Ű§Ù… ŰŁŰ°Ù„Ù†Ű§ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime [quote=Aphrodite;323485]bon c particulier mĂ© d'ab c toi qui l'a Ă©crit ou tu la trouver qque part??? Moi?.......Mais non aphrodite voyons c georges sand a alfred musset Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime UNE AUTRE POUR LES AMATEURSTRICES QUAND je mets Ă  vos pieds un Ă©ternel hommage, VOULEZ-vous qu'un instant je change de visage ? VOUS avez capturĂ© les sentiments d'un coeur QUE pour vous adorer forma le crĂ©ateur. JE vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire COUCHE sur le papier ce que je n'ose dire. AVEC soin de mes vers lisez les premiers mots VOUS saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux. Alfred de Musset CETTE insigne faveur que votre coeur rĂ©clame NUIT Ă  ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă  mon Ăąme. George Sand seconde lecture lire uniquement les premiers mots de chaque vers Comment ConfirmĂ© Inscription Aug 2007 Messages 964 quand on passe du spirituel au physique c vraiment choquant mais c bo qd mĂȘmetong Comment FidĂšle Inscription Feb 2006 Messages 2549 Localisation Lille et Tunis Chouette des GROS MOTS Laule en meme temps pas etonnant venant de Sand une femme assez "virile" Chopin s'est bien laissĂ© faire Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime EnvoyĂ© par elmouldi Voir le message Laule en meme temps pas etonnant venant de Sand une femme assez "virile" Chopin s'est bien laissĂ© faire Si Elmouldi, de musset n'a fait qu'investir un terrain fertile abandonnĂ© par ses occupants, en effet chopin Ă©tait malade tuberculose pulmonaire qui l'emporta quelques annĂ©es plus tard, et bien avant, n'avait d'autres desseins que de se faire materner par sand, dont il est loin d'etre le monsieur qui allais temperer les ardeurs de la "virile" jeune fille, il faut prĂ©ciser qu'il avait eu une certaine aversion pour cette fille au tout dĂ©but de leurs premiĂšres rencontre en 1836, confidence qu'il avouat a son ami Hiller, ce fut son contemporain qui s'acquittat de la tĂąche, et par consĂ©quent, frĂ©derique françois chopin ne s'est pas laissĂ© faire mais bel et bien laisser faire. P/S le contenu de la lettre si haut postĂ©e a Ă©tĂ© adressĂ© en premier a chopin, ce dernier se dĂ©sista, elle fĂ»t rééxpĂ©diĂ©e vers musset. Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime EnvoyĂ© par lagazania Voir le message quand on passe du spirituel au physique c vraiment choquant mais c bo qd mĂȘmetong ben je ne vois pas ou est le cotĂ© spirituel que tu semble dĂ©celer dans le texte, pas vrai el mouldi? A moins que t'a fais une autre lecture que j'ignore les secrets , genre de bas en haut et de droite a gauche............tong Comment Ah, l'amour ! Il donne des ailes, transporte les Ăąmes, brise les coeurs... Savourez cette sĂ©lection des plus belles lettres d'amour de l'Histoire et dĂ©couvrez les dĂ©clarations enflammĂ©es de Johnny Cash, Edith Piaf, George Sand ou encore celle d'Humphrey Bogart Ă  Lauren Baccall. 1- Lettre de Johnny Cash pour le 65e anniversaire de sa femme June Carter Cash 1994 Bon anniversaire Princesse,Nous vieillissons et nous sommes habituĂ©s l'un Ă  l'autre. Nous lisons nos pensĂ©es. Nous savons ce que l'autre veut sans mĂȘme avoir Ă  le demander. Parfois, nous nous agaçons un peu. Peut-ĂȘtre que parfois, nous nous prenons pour acquis. Mais de temps en temps, comme aujourd'hui, je rĂ©flĂ©chis et je rĂ©alise Ă  quel point je suis chanceux de partager ma vie avec la femme la plus formidable que j'aie jamais rencontrĂ©e. Tu continues Ă  me fasciner et Ă  m'inspirer. Tu es l'objet de mon dĂ©sir, la raison premiĂšre de mon existence. Je t'aime tellement. »2- Lettre d’amour d'Humphrey Bogart Ă  Lauren Bacall 1943 Baby, je t’aime si tendrement et je ne veux jamais, jamais te faire souffrir ou te rendre malheureuse, je veux que tu aies la vie la plus merveilleuse que mortelle ait jamais eue. Cela fait si longtemps, ma chĂ©rie, que je n’ai pas Ă©prouvĂ© un sentiment aussi profond pour quelqu’un, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. Je peux seulement t’affirmer que j’ai sondĂ© au plus profond de mon cƓur durant ces deux semaines et je sais que je t’adore de tout mon ĂȘtre et je sais que je te veux pour moi seul. Mais nous devons attendre, car tout ce que nous pourrions faire en ce moment provoquerait un dĂ©sastre. » 3- Napoleon Bonaparte dĂ©clame son amour Ă  JosĂ©phine de Beauharnais 1796 Les charmes de l'incomparable JosĂ©phine enflamme continuellement mon coeur d'une flamme ardente et lumineuse. »>>Saint-Valentin 2015 sĂ©lection de poĂšmes et de cartes pour dĂ©clarer son amour>Les 5 gestes qui prouvent qu’un homme est sous le charme<<8- Lettre de Victor Hugot Ă  l'actrice Juliette Drouet 1833 Je vous aime, mon pauvre ange, vous le savez bien, et pourtant vous voulez que je vous l’écrive. Vous avez raison. Il faut s’aimer, et puis il faut se le dire, et puis il faut se l’écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux, et ailleurs. Vous ĂȘtes ma Juliette bien-aimĂ©e. Quand je suis triste, je pense Ă  vous, comme l’hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense Ă  vous, comme en plein soleil on pense Ă  l’ombre. Vous voyez bien, Juliette, que je vous aime de toute mon Ăąme. Vous avez l’air jeune comme un enfant, et l’air sage comme une mĂšre aussi je vous enveloppe de tous ces amours-lĂ  Ă  la fois. Baisez-moi, belle Juju ! »9- Lettre d'amour de Guillaume Apollinaire Ă  la comtesse Louise de Coligny-ChĂątillon 1915 Oui, ma Lou, tu es ma Lou Ă  moi, ma chose vivante que j'aime infiniment, mon bijou prĂ©cieux, ma petite perle ronde comme ton derriĂšre, comme tes deux petits seins infiniment jolis et si joliment fleuris de deux roses sans Ă©pines. Tu te donnes toute et je te prends toute comme tu te donnes ma toute chĂ©rie, oui, nous sommes ensemble pour toujours oui, tu m'as tout dit, et tu es si Ă  moi et si en moi que tu devines tout de moi. Il y a une correspondance unique et inouĂŻe entre nos Ăąmes. Non, je n'ai plus de noir aprĂšs tes lettres et tu me rends infiniment heureux. Ne sois pas triste, mon Lou. Ne sois pas triste puisque je ne suis plus triste. »10- Lettre d'amour d'Edith Piaf Ă  Marcel Cerdan 1949 DĂšs que je pense qu'une chose peut te faire de la peine, mĂȘme si tu ne le sauras jamais eh bien, il n'y a rien Ă  faire, c'est plus fort que moi, je ne peux pas la faire. J'imagine tes beaux yeux chĂ©ris posĂ©s sur moi et j'ai comme l'impression d'ĂȘtre mise Ă  nu. Quelle puissance et quelle domination tu as sur moi !Vrai de vrai, tu m'as bien eue ! ChĂ©ri ! N'oublie pas tes mĂ©dailles, pense Ă  moi. Si tu peux aller Ă  l'Ă©glise cinq minutes le jour du combat, vas-y ! Mon petit que j'adore, Ă  tes pieds que j'aime, je suis Ă  toi, tout Ă  toi. Mon souffle est liĂ© au tien. Je suis tout ce que tu veux, ton esclave, ta servante, ta maĂźtresse et surtout celle qui t'aime. Oh ! Qui t'aime, plus que jamais. Personne ne t'a aimĂ© et ne t'aimera jamais plus que moi. Au revoir, mon petit maĂźtre adorĂ©, mon seigneur si grand. Je t'aime, t'aime, t' » Françoise Genevray Texte intĂ©gral 1 Publiques au lieu de publiĂ©es pour celles IV, V, VI, IX qui ne sont pas simplement des lettres co ... 2 À la diffĂ©rence des trois premiĂšres lettres, que Sand destine d’emblĂ©e Ă  la Revue des Deux Mondes b ... 1Lettres fictives, vraies lettres publiĂ©es, lettres publiques1, lettres ouvertes ? Les Lettres d’un voyageur, en mĂȘlant ces dispositifs, se dĂ©robent aux appellations exclusives. Parler d’épĂźtre aidera du moins, selon la tradition purement profane venue d’Horace et relayĂ©e par Boileau, Ă  clairement distinguer de lettres ordinaires correspondance celles que George Sand destine d’emblĂ©e Ă  la publication ou qu’elle retravaille dans cette optique le recueil illustre ces deux cas. Nous traiterons en prioritĂ© des numĂ©ros IV, V et IX, dont la texture intĂšgre des fragments de lettres envoyĂ©es Ă  Jules NĂ©raud et Ă  François Rollinat2. La perte de tous les avant-textes manuscrits, Ă©preuves interdit de mener une Ă©tude gĂ©nĂ©tique fondĂ©e sur la comparaison entre les missives initiales et les versions retravaillĂ©es. Le dosage de l’authentique et du fictionnel nous Ă©chappe donc nĂ©cessairement, et n’aurait d’ailleurs pas d’incidence sur le propos qui va suivre. Celui-ci consiste Ă  examiner un dispositif d’énonciation singulier, qui s’apparente Ă  l’épistolaire sans pour autant s’y enfermer. 3 B. Diaz, L’Épistolaire ou la PensĂ©e nomade, Paris, 2002, PUF Écriture. 4 Ibid., p. 90. 2Si l’étiquette gĂ©nĂ©rique semble incertaine, n’est-ce pas d’abord en vertu de catĂ©gories qu’il faut dĂ©cloisonner pour tenir compte de l’histoire des normes et des pratiques ? Brigitte Diaz montre fort bien que l’épistolaire n’a rien d’un genre verrouillĂ©, fermĂ© sur lui-mĂȘme3. Son ouverture lui permet au contraire, surtout depuis le XVIIIe siĂšcle, d’investir des genres, des sous-genres et des types de discours fiction, philosophie, Ă©changes savants, expression politique auxquels il prĂȘte son dehors, ses ressources, ou simplement son concours Ă  titre de forme insĂ©rĂ©e dans une autre. Cette porositĂ© des genres » se manifeste en particulier quand ils se subordonnent Ă  un propos qui les traverse – l’écriture de soi en l’occurrence, registre assez diffus pour que s’opĂšrent des dĂ©placements de l’un Ă  l’autre des supports investis lettre, Ă©pĂźtre, journal intime, album, carnets, autobiographie. Si l’on admet Ă  titre gĂ©nĂ©ral que dans l’immense territoire des Ă©critures personnelles les limites ne sont pas nettes » et que la lettre, singuliĂšrement, les franchit volontiers »4, la remarque vaut tout spĂ©cialement quand des voisinages formels et chronologiques favorisent contacts et transferts ainsi en vat-il de 1834 Ă  1836 lorsque Sand rĂ©dige les Lettres d’un voyageur et son Journal intime tout en restant une Ă©pistoliĂšre assidue. La mĂȘme observation mĂ©rite d’ĂȘtre poussĂ©e plus avant quand l’auteur transforme une lettre en Ă©pĂźtre pourquoi et comment publier l’écriture privĂ©e ? Quelle dĂ©marche commande sa premiĂšre divulgation arrangĂ©e en revue, puis ses remaniements dans les deux Ă©ditions ultĂ©rieures 1837, 1843 ? 5 Ibid., p. 158. 6 Voir notre Ă©tude des diverses fonctions rhĂ©toriques, pragmatiques, psychologiques du destinataire ... 3Écrire Ă  l’autre, c’est aussi parler Ă  soi-mĂȘme se tourner vers NĂ©raud ou vers Rollinat fournit bien au voyageur » sandien une occasion du mĂȘme ordre. La structure dialogique inhĂ©rente Ă  l’épistolaire n’enraye aucunement cette logique de l’auto-destination »5, tacite ou dĂ©clarĂ©e, en vertu de laquelle une lettre s’écrit souvent de soi Ă  soi non moins qu’à l’autre. Gardons-nous pourtant de durcir la thĂšse au dĂ©triment de cas d’espĂšce qui invitent Ă  la nuancer. Qu’autrui serve peu ou prou de prĂ©texte ne le rend pas moins nĂ©cessaire Ă  qui se penche sur soi plume en main le caractĂšre adressĂ© des Lettres d’un voyageur ne relĂšve donc pas d’un pur artifice, d’un leurre formel plaquĂ© sur un texte autocentrĂ©6. Il n’en reste pas moins vrai que Sand parle surtout d’elle-mĂȘme dans ces lettres IV, V et IX oĂč s’enchevĂȘtrent rĂ©flexions, peinture de sentiments personnels et plaidoyer pro domo. La confidence virant souvent Ă  l’autodĂ©fense incite Ă  examiner d’abord les rapports de l’épĂźtre et de l’autobiographie, qui comporte chez Sand une dimension apologĂ©tique non nĂ©gligeable. ÉpĂźtre et autobiographie 4Le prĂ©ambule d’Histoire de ma vie raccorde expressĂ©ment les Lettres d’un voyageur Ă  l’entreprise autobiographique 7 G. Sand 1970-1971, ƒuvres autobiographiques [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en OA., suivi du numĂ©ro de tome en ... J’ai pris la plume alors pour Ă©pancher quelque vive souffrance qui me dĂ©bordait, ou quelque violente anxiĂ©tĂ© qui s’agitait en moi. La plupart de ces fragments n’ont jamais Ă©tĂ© publiĂ©s [
]. Quelques-uns seulement ont pris une forme Ă  demi confidentielle, Ă  demi littĂ©raire, dans des lettres publiĂ©es Ă  certains intervalles et datĂ©es de divers lieux. Elles ont Ă©tĂ© rĂ©unies sous le titre de Lettres d’un voyageur7. 5 Fragments » n’indique aucun genre ni support particulier le contexte suggĂšre des feuilles volantes, un carnet peut-ĂȘtre, voire un journal Ă©pisodique. Un passage plus tardif d’Histoire de ma vie V, 7 s’intĂ©resse tout spĂ©cialement aux numĂ©ros IV et V du recueil dĂ©finitif Je viens donc de relire les Lettres d’un voyageur de septembre 1834 et de janvier 1835, et j’y retrouve le plan d’un ouvrage que je m’étais promis de continuer toute ma vie. Je regrette beaucoup de ne l’avoir pas fait. 8 Ibid., II, 298-300. Les dates indiquĂ©es par cet extrait sont exactement celles inscrites en tĂȘte de ... 9 Le 5 dĂ©cembre 1834, Sand cĂšde Ă  Buloz la propriĂ©tĂ© de ses Ɠuvres posthumes qui se composeront de ... 6Le plan visait Ă  [
] rendre compte des dispositions successives de mon esprit d’une façon naĂŻve et arrangĂ©e en mĂȘme temps »8. De ce commentaire, assez proche en substance de la prĂ©face Ă  l’édition Perrotin 1843 sans doute relue par Sand pour l’occasion, il ressort finalement que la prose du voyageur fut moins une amorce de l’autobiographie Ă  venir qu’une autofiction dĂ©libĂ©rĂ©e, un biais inventĂ© pour Ă©crire de soi sans trop en avoir l’air, sous le couvert d’un moi fantastique » substituĂ© au moi rĂ©el », mais tout aussi vrai que lui. Le plan » inabouti aurait donc coexistĂ© avec l’intention annoncĂ©e en 1834 de publier de vrais MĂ©moires, un rĂ©cit continu de sa vie rĂ©elle9. De l’autofiction Ă  l’autobiographie sandiennes, plusieurs diffĂ©rences mĂ©ritent qu’on les Ă©claire sur ce fond commun d’ Ă©gographie ». 10 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil PoĂ©tique, 1975, p. 14. 11 OA., II, 739-740. 12 Ibid., 752. V. Alfieri, La Vie de Victor Alfieri Ă©crite par lui-mĂȘme et traduite de l’italien par M ... 13 C., II, 591. 14 Voir l’étude signalĂ©e en note 6. 7Si l’autobiographie dĂ©roule le rĂ©cit rĂ©trospectif en prose qu’une personne rĂ©elle fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalitĂ© »10, Sand pourrait aussi bien commencer la sienne dĂšs 1834 quand elle lance Ă  NĂ©raud lettre IV Tu ne sais pas les Ă©vĂ©nements qui m’ont amenĂ© Ă  cet Ă©tat moral [
] », ou encore Et pourtant il y aurait bien des choses Ă  ma dĂ©charge si je pouvais raconter l’histoire de mon cƓur »11. DĂšs lors, pourquoi ne pas raconter, car effectivement elle s’en abstient ? Le motif d’humeur aussitĂŽt allĂ©guĂ© Mais ce serait si long, si pĂ©nible ! » en recouvre un autre, que la suite suggĂšre indirectement lorsqu’elle Ă©voque la Vie de Victor Alfieri, par Victor Alfieri »12 cette lĂ©gĂšre altĂ©ration du titre vĂ©ritable exhibe le redoublement spĂ©culaire qui prĂ©side Ă  l’écriture de soi quand elle prend forme monologique. Sand fait un vibrant Ă©loge de l’ouvrage, mais l’assortit d’une rĂ©serve juchĂ© sur sa tardive gloire de dramaturge, le bouillant Alfieri s’est calmĂ©, refroidi, et son rĂ©cit n’aide pas le lecteur Ă  vivre. Sous la critique visant le possible modĂšle italien se profile l’idĂ©e du livre Ă  faire par l’épistolier-voyageur pris sur le vif, palpitant comme un cƓur qui saigne, aussi immĂ©diat qu’un cri, mais oĂč sonder les blessures n’aggraverait pas le mal. Condition impossible Ă  tenir si l’auteur reste seule avec elle-mĂȘme Il m’est impossible de parler de moi dans un livre, dans la disposition oĂč je suis », Ă©crit-elle Ă  Musset le 12 mai 183413. Il lui faut opĂ©rer une relative dĂ©prise, se dĂ©caler d’elle-mĂȘme et que je » cesse de coĂŻncider avec moi ». La semi-fiction du voyageur » rĂ©pond Ă  un tel besoin, et y rĂ©pond assez bien pour que Sand continue de l’entretenir jusqu’en 1836, soit deux ans aprĂšs le retour de Venise. C’est au mĂȘme besoin qu’obĂ©it le dĂ©centrement qui s’opĂšre, ou du moins qui se cherche quand elle inscrit l’expression personnelle dans le dialogue amical14. 15 M. Blanchot, Le Livre Ă  venir, Paris, Gallimard Folio-Essai, 1975, p. 254. 8La narration rĂ©trospective est-elle Ă©cartĂ©e pour autant ? Les Lettres d’un voyageur ont une maniĂšre bien spĂ©ciale d’envisager le passĂ©. Quand elles revisitent l’expĂ©rience vĂ©cue, ce n’est pas pour la raconter, pour en faire une histoire » et suivre un tracĂ©. Qu’il soit fictionnel ou biographique, tout rĂ©cit surimpose son ordre et ses contours aux brouillons informes de l’expĂ©rience. On raconte ce que l’on ne peut rapporter »15 si ces Lettres
 ne racontent guĂšre, c’est qu’elles prĂ©tendent rapporter les dispositions du moment. Peuvent-elles aussi les explorer sans perdre le tremblĂ© de la vie, le jaillissement de l’émotion, la confusion des sentiments ? Double exigence Ă  tenir consigner et analyser. Faute de surmonter cette tension Ă  l’époque, Sand abandonne le plan » Ă©voquĂ© par Histoire de ma vie. Puisque le prĂ©sent reste insaisissable, le retour sur une histoire censĂ©e l’éclairer perd sa raison d’ĂȘtre l’autobiographie, dĂ©cidĂ©ment, attendra. 16 OA., II, 793. 17 Ibid., 741. 18 Ibid., 751. 19 Ibid., 669. 9Non que la mĂ©moire soit bannie des Lettres d’un voyageur, loin s’en faut. La premiĂšre s’attendrit sur le souvenir de Musset, comparĂ© Ă  l’odeur persistante d’une sauge cueillie en chemin. Autre variation sur le mĂȘme objet dans la lettre VI, oĂč la petite sauge du Tyrol » Ă©voque les heures anciennes d’une solitude bĂ©nie. Mais, ajoute Sand, ce sont les seules de ma vie que je me rappelle avec dĂ©lices »16, car la rĂ©miniscence peut ĂȘtre aussi fĂącheuse que suave si elle Ă©veille trop de nostalgie. Quand l’auteur de la lettre IV remonte vers sa jeunesse Cela me rappelait nos courses au grand arbre, nos rĂ©coltes de champignons dans les prĂ©s, et la premiĂšre enfance de mon fils [
] »17, il ne s’agit pas de rassembler des souvenirs pour les arracher Ă  l’oubli, ni d’ordonner la collecte dans une narration suivie. L’écriture tend plutĂŽt Ă  filtrer le passĂ© pour extraire des annĂ©es lointaines ce charme indĂ©finissable » qui, jetĂ© sur le prĂ©sent amer, l’adoucit car c’est dans le prĂ©sent que gĂźt un obstacle semblable Ă  une montagne Ă©croulĂ©e »18. Ainsi le souvenir n’a-t-il droit de citĂ© dans ces textes que s’il peut enchanter le moment de l’écriture, lui apporter la consolation et la force, les rĂȘves du passĂ©, l’oubli du prĂ©sent »19. Les rĂȘves du passĂ© avant sa rĂ©alitĂ© il s’agit d’une mĂ©moire dĂ©cantĂ©e. 20 Ibid., 673-674. 10L’épĂźtre n’est donc pas le lieu de la remĂ©moration directe et frontale elle ouvre une durĂ©e spĂ©cifique oĂč l’évĂ©nement rĂ©volu se reconfigure selon les besoins actuels du scripteur. Une enquĂȘte autobiographique restaure le passĂ©, examine un itinĂ©raire et ses Ă©tapes, mesure le chemin parcouru. L’écriture du voyageur Ɠuvre en sens contraire, exauçant un vƓu d’oubli et de lĂ©gĂšretĂ©, oblitĂ©rant la continuitĂ© temporelle qui fait de l’histoire individuelle un fardeau. La divagation tyrolienne » de la lettre I Je fermai les yeux au pied d’une roche, et mon esprit se mit Ă  divaguer » dĂ©roule un rĂȘve Ă©veillĂ© oĂč s’abolit la durĂ©e, oĂč tout le passĂ© se rassemble en un point, se contracte et se condense en annulant les dĂ©comptes Les jours de ma vie passĂ©e s’effacĂšrent et se confondirent en un seul »20. Le rĂ©cit de la matinĂ©e aux Couperies lettre IX rapporte une expĂ©rience inverse et nĂ©anmoins convergente. Cette fois le promeneur solitaire contemple et note en simultanĂ© ce qui s’offre Ă  lui. Au contact de la nature se dĂ©ploie la magie d’un temps vĂ©cu lentement, une heure aprĂšs l’autre, tandis que la vallĂ©e s’éveille 21 Ibid., 874-879. J’ai quittĂ© ma chambre au jour naissant [
]. Il doit ĂȘtre huit heures, le soleil est chaud, mais Ă  l’ombre l’air est encore froid [
]. Le soleil est en plein sur ma tĂȘte ; je me suis oubliĂ© au bord de la riviĂšre [
]21. 11Contempler n’abolit pas le temps comme dans la rĂȘverie du Tyrol », mais dĂ©leste l’esprit de son poids en le rĂ©inscrivant dans la matiĂšre, l’étendue, l’espace. L’écrivain dĂ©couvre une plĂ©nitude gagnĂ©e sur l’oubli de soi, ou d’une partie de soi, le sujet s’absorbant – je » absorbant moi » – dans le dehors qui l’entoure. ÉpĂźtre et journal intime 22 Ibid., 1448 ce paragraphe de la Revue des Deux Mondes disparaĂźtra dĂšs l’édition Bonnaire 1837. ... 23 B. Diaz, L’Épistolaire ou la PensĂ©e nomade, p. 75 et 90. 24 Voir la lettre du 14 dĂ©cembre 1853 Ă  Éliza Tourangin, C., XII, 196. 25 OA., II, 740. Les lettres IV, V, IX comme VI et X se prĂ©sentent doublement fragmentĂ©es les sect ... 26 Ibid., 752. 12L’exemple prĂ©cĂ©dent indique la voie des affinitĂ©s possibles entre l’épĂźtre amicale et le journal intime. Les deux pratiques se frĂŽlent spontanĂ©ment et paraissent mĂȘme chez Sand se relayer, comme si elles se substituaient l’une Ă  l’autre. De plus, l’auteur des Lettres d’un voyageur imite dĂ©libĂ©rĂ©ment l’aspect du journal quand elle rĂ©vise ses textes pour les Ă©diter en volume. D’un journal, l’épĂźtre emprunte souvent l’allure en Ă©grenant les jours IV, V, VI, les heures IX, les lieux X oĂč le voyageur prend la plume. Qu’elle adopte aussi sa visĂ©e ressort du prĂ©ambule de la lettre IV oĂč Sand Ă©nonce son projet d’ Ă©crire ma vie jour par jour en m’épanchant dans le sein de l’amitiĂ© ». L’exposĂ© du programme succĂšde en fait Ă  la rĂ©daction, puisqu’il figure dans un paratexte Ă©ditorial postĂ©rieur aux vraies lettres22. Mais cette mise au point n’invalide pas le constat d’une Ă©troite parentĂ©, tant de forme que d’intention, entre Ă©pistolaire et journal23. L’affinitĂ© qui les unit constitue pour Sand une sorte d’évidence, fondĂ©e sur le cĂŽtĂ© informel, sinon informe de deux sortes d’écrits qui dispensent Ă  ses yeux d’organiser le propos24. Elle se marque plus d’une fois dans les Lettres d’un voyageur, par exemple au dĂ©but des segments, quand l’énoncĂ© part du moment de la rĂ©daction, du moi actuel ou trĂšs rĂ©cent saisi dans un Ă©tat transitoire Avant-hier j’étais assez bien [
] »25 ou parmi ses activitĂ©s Je lis immensĂ©ment depuis quelques jours »26. Mais Sand renforce encore la similitude lorsqu’elle rĂ©vise ses textes. Plusieurs changements apportĂ©s au no IV accentuent et rĂ©gularisent la forme-journal l’édition Bonnaire 1837 aĂšre la version initiale en introduisant deux coupures temporelles, jeudi » variante 740 c et samedi » variante 747 d. Ces retouches en entraĂźnent une autre, qui remplace le jeudi soir » initial par vendredi soir » variante 744 g comme pour parfaire la sĂ©rie le dĂ©coupage devient alors presque quotidien. Quelle intention dicte ces amĂ©nagements ? Il s’agit de coordonner aprĂšs coup un ensemble initialement disparate, car l’épĂźtre IV rĂ©unit des morceaux envoyĂ©s Ă  deux destinataires diffĂ©rents. Ayant Ă©crit Ă  NĂ©raud le jeudi, l’auteur attend censĂ©ment vendredi pour se tourner vers Rollinat le suivi temporel permet d’estomper l’effet de collage et de mieux unifier les piĂšces rapportĂ©es. AmorcĂ© en 1837 sur la lettre IV, ce formatage Ă  l’imitation d’un journal se poursuit en 1843 Ă©dition Perrotin au no V, oĂč la variante 766 c ajoute un dimanche » qui subdivise le texte jusqu’alors trĂšs compact en deux segments presque Ă©gaux – que leur maniĂšre d’inscrire la date rend nĂ©anmoins dissymĂ©triques la manipulation ne vise pas au systĂšme. 27 Imitation approximative du protocole Ă©pistolaire. 28 OA., II, 1447-1448 variante 735 b. L’italique est de Sand. 29 Ibid., 1454-1 456 variante 757 a. 13D’autres retouches tendent plutĂŽt Ă  raffermir l’ancrage Ă©pistolaire. C’est ainsi que l’édition Bonnaire ajoute À Jules NĂ©raud » en tĂȘte du no IV et À François Rollinat » en tĂȘte du no V27. La lettre IV subit des amputations contribuant au mĂȘme rĂ©sultat. La version initiale Revue des Deux Mondes incluait deux passages symĂ©triques – un prĂ©ambule, un appendice final – qui justifiaient la publication par un souci d’entraide. Dans le premier, l’auteur disait vouloir secourir ses amis inconnus », ceux qui souffrent maintenant loin de nos regards les mĂȘmes maux dont je souffrais hier »28. Le deuxiĂšme rĂ©affirmait ce mobile charitable et l’étayait d’une page lyrique intitulĂ©e PriĂšre d’une matinĂ©e de printemps. Avril 1835 », tirĂ©e par Sand d’un album » pour illustrer sa guĂ©rison personnelle et pour clore l’épĂźtre sur un exemple encourageant29. L’édition de 1837 retranche ces deux morceaux. On se l’explique assez bien par la conjoncture extra-littĂ©raire, autrement dit par le calendrier du procĂšs qui oppose l’écrivain Ă  Casimir Dudevant. Le 1er juin 1836, quand paraĂźt la lettre IV, le procĂšs n’est pas terminĂ©. Sand prend alors l’opinion Ă  tĂ©moin et dresse deux lignes de dĂ©fense l’épĂźtre plaide pour sa personne, le prĂ©ambule et l’appendice final pour l’épĂźtre. Le litige une fois conclu par l’accord du 29 juillet 1836, ces prĂ©cautions deviennent superflues et la version nouvelle supprime les plus voyantes. Ce changement retentit sur l’aspect gĂ©nĂ©ral de la lettre une fois dĂ©lestĂ©e de l’encombrant paratexte, sa forme devient plus homogĂšne Ă  celle des premiers envois les trois lettres de Venise et l’unitĂ© du volume s’en trouve renforcĂ©e. Autre avantage le lecteur de la version nouvelle entre plus directement in medias litteras, dans le vif de l’échange reliant l’auteur Ă  ses amis. Imiter une lettre vĂ©ritable, ce n’est point tant inscrire au dĂ©but les date et lieu d’émission, car un journal intime ferait de mĂȘme. Mimer l’épistolaire authentique consiste surtout Ă  gommer la place du lecteur non-destinataire, celui que visait le paratexte conçu pour la revue et plus tard supprimĂ©. 14Ainsi l’épĂźtre balance-t-elle entre deux modĂšles concurrents, la lettre et le journal. Loin de stabiliser les textes dans un genre dĂ©fini, leur rĂ©vision aiguise cette rivalitĂ© en consolidant simultanĂ©ment les deux protocoles d’écriture. Mais une concurrence ne s’engage que sur un terrain commun ou frontalier l’écriture de soi Ă©volue dans cet espace limitrophe oĂč la matiĂšre circule entre des formes voisines. Il suffira pour le vĂ©rifier de faire quelques pas de cĂŽtĂ© et d’aller observer le Journal intime. 30 Pour le dĂ©tail des copies l’autographe ayant disparu et des interprĂ©tations, voir l’Introduction ... 31 Voir Diaz qui rĂ©capitule la discussion dans Sand et Musset Le Roman de Venise, Diaz ... 32 C., I, 175-261 lettres Ă©chelonnĂ©es du 11 octobre au 14 novembre 1825. 33 OA., I, 8. 34 Voir note 7. 15Ce titre, Ă  vrai dire, fait problĂšme plusieurs ont vu dans le dit journal un recueil de lettres, justement
 Son contenu et les circonstances incertaines de sa transmission obligent en effet Ă  s’interroger sur la destination initiale de cet Ă©crit. Paul de Musset l’enregistra sous la mention Copie de lettres de George Sand Ă  Alfred de Mt en 1834 aprĂšs le voyage de Venise et la rupture »30. Mais Sand n’adresse pas directement ces pages au poĂšte, elle les lui fait parvenir en diffĂ©rĂ©, peu avant ou peu aprĂšs la date est discutĂ©e la rupture dĂ©finitive de mars 183531. Quoi qu’il en soit, elle n’écrit pas au poĂšte, mais sans doute pour lui, avec l’arriĂšre-pensĂ©e ou le vague espoir de lui montrer un jour ces feuillets. Qui plus est, elle les rĂ©dige en partie comme une lettre, quoique de maniĂšre discontinue l’énonciation oscille entre le pour moi » et le Ă  toi » ou Ă  vous ». Enfin la quotidiennetĂ©, ou le minimum de succession datĂ©e qui caractĂ©rise un journal fait ici dĂ©faut, et Georges Lubin n’a reconstituĂ© qu’avec peine une chronologie resserrĂ©e sur treize jours 15-28 novembre 1834. Il ne s’agit donc pas d’une lettre-journal du type de celles, dĂ»ment datĂ©es, Ă©crites Ă  AurĂ©lien de SĂšze en 182532. Journal-lettre conviendrait mieux aux dĂ©tails observables, et journal adressĂ© mieux encore, surtout au vu de certains morceaux. Peut-ĂȘtre est-ce d’ailleurs Ă  ce tout dernier mot qu’il faut s’arrĂȘter. Sand ne tient pas de journal comme on tient registre, mais il lui faut exhaler certaines agitations »33 nullement journalier, tout juste Ă©pisodique le temps d’une crise, le journal de novembre 1834 regroupe vraisemblablement une partie des fragments » dont parlera le prĂ©ambule de l’autobiographie, citĂ© plus haut34. 35 OA., II, 962 Journal intime. 36 Ibid., 589 Sketches and Hints. 37 Ibid., 963 Journal intime c’est moi qui, par l’italique, souligne la similitude entre cette cit ... 38 Ibid., 751. 16Le matĂ©riau dit intime », largement habitĂ© et mĂȘme hantĂ© par l’autre Ă  certains moments, circule d’autant mieux entre formes voisines que les trois supports lettre privĂ©e, Ă©pĂźtre et journal coexistent Ă  l’époque dans un intervalle de temps assez court quelques exemples illustreront ces transferts. Le numĂ©ro IV, datĂ© de septembre 1834, peint l’auteur au bord de la tombe, ainsi que fait le journal de novembre sur un ton non moins solennel L’heure de ma mort est en train de sonner »35. Mais sans doute y a-t-il lĂ  chez Sand un ancien topos Ă©lĂ©giaque, Ă  la mode de Charles Millevoye Le PoĂšte mourant, repĂ©rable dĂšs les premiers vers qu’elle aligne au couvent36. Le transfert entre Ă©crits concomitants apparaĂźt de maniĂšre plus probante dans l’obsession amoureuse et le souvenir physique de Musset. Mon petit corps souple et chaud, vous ne vous Ă©tendrez plus sur moi, comme ÉlisĂ©e sur l’enfant mort, pour me ranimer »37, cette phrase du journal fait Ă©cho Ă  la lettre IV Et pourquoi ce spectre livide est-il venu Ă©tendre sur moi ses membres lourds et glacĂ©s ? »38, mĂȘme image sous d’autres atours, moins sensuels ; le spectre dĂ©signe le dĂ©sespoir, mĂ©taphore qui dĂ©sincarne le corps Ă©tendu comme pour neutraliser son pouvoir d’attraction charnelle. On ne sait quand furent rĂ©digĂ©s les passages rassemblĂ©s au no IV sous la date de septembre 1834 ont-ils vĂ©ritablement prĂ©cĂ©dĂ© le fragment du journal de novembre ? N’ont-ils pas Ă©tĂ© remaniĂ©s en 1836 pour la publication ? Dans quelque sens chronologique qu’opĂšre la réécriture, le terme convient pour caractĂ©riser un tel va-et-vient thĂ©matique et mĂ©taphorique. De ces Ă©chos intertextuels il ressort que l’épĂźtre façonne des matĂ©riaux communs Ă  l’épistolier authentique et au diariste occasionnel ; l’écriture intime circule entre supports voisins plutĂŽt qu’entre des genres proprement dits. 17Toutefois les dispositifs restent distincts et ne se ramĂšnent pas Ă  des Ă©quivalents interchangeables. La lettre a pour avantage d’attĂ©nuer le tropisme narcissique propre au journal. L’épĂźtre fait mieux encore s’il s’agit bien pour Sand, selon notre hypothĂšse, d’échapper au journal intime et d’objectiver l’écriture de soi. Objectiver l’écriture de soi 39 Ibid., 962-966. 40 Ibid., 966-967. 41 Ibid., 958-962. Exemples analogues ibid., 954 et 967-968. 18Le propos largement dialoguĂ© du journal de novembre 1834 a de quoi intriguer qui voudrait identifier des catĂ©gories tranchĂ©es. Certains fragments ressemblent Ă  une entrĂ©e de journal39, certains Ă  un morceau de lettre40, d’autres combinent les deux postures Ă©nonciatives. S’écrivent lĂ  des pensĂ©es orientĂ©es, aimantĂ©es par l’interlocuteur possible – mais le dialogue ne communique pas, et l’obsession tourne en rond dans le soliloque. Le fragment Tu ne m’aimes plus, tu ne m’aimes plus » rĂ©vĂšle qu’un billet » fut envoyĂ©, auquel Musset n’a pas voulu rĂ©pondre » le journal recueille donc une part du dialogue Ă©pistolaire refusĂ©. Ce cadre explicatif une fois posĂ©, la lecture continue nĂ©anmoins de buter sur le caractĂšre instable de l’énonciation dialogique. L’allocutaire change frĂ©quemment, le discours saute de l’un vers l’autre et s’éparpille en des directions multiples. Le fragment du 19 novembre offre un Ă©chantillon frappant de cette dĂ©marche erratique l’entame Ă©voque Buloz Ă  la troisiĂšme personne, la suite interpelle tantĂŽt Buloz et tantĂŽt Musset, apostrophant ce dernier tour Ă  tour par tu » et par vous », le dĂ©signant parfois d’un il » narratif41. Les Lettres d’un voyageur forment ici contraste, car elles stabilisent l’interlocuteur intime que le journal appelle sans le fixer. En polarisant le discours vers un ĂȘtre bien dĂ©fini, la lettre authentique ou retravaillĂ©e en Ă©pĂźtre, la diffĂ©rence n’importe guĂšre ici canalise le tourbillon Ă©motif, rĂ©gule le flux mental et permet le ressaisissement d’un sujet Ă©clatĂ© dans la souffrance. L’adresse amicale met une sourdine au tumulte que rĂ©percute le journal, Ă  ce brouhaha intĂ©rieur qui chez Sand contredit le monologisme couramment attribuĂ© au genre. Le journal n’offre Ă  l’aliĂ©nation passionnelle qu’un exutoire, non une thĂ©rapie la reconquĂȘte de soi ne saurait advenir pour Sand dans l’écriture autocentrĂ©e. 42 Ibid., 960. 43 Ibid., 1457 variante 760 a. 19En interposant les amis devant l’image obsĂ©dante de l’aimĂ©, trop prĂ©cise et incontrĂŽlable, l’épĂźtre offre donc une alternative salutaire Ă  la monodie plaintive et dĂ©bilitante du diariste. L’entretien avec NĂ©raud ou Rollinat dĂ©tourne du tĂȘte-Ă -tĂȘte avec l’amant qui occupe la solitude dangereuse »42. La posture dialogale aide Ă  dĂ©placer les affects, Ă  les remodeler pour mieux les maĂźtriser. Tandis que la passion s’éprouve dans le journal comme passivitĂ© souffrante, l’amitiĂ© confiĂ©e aux lettres aide Ă  rĂ©investir une position active. Tout artifice est bon pour subvertir le face-Ă -face spĂ©culaire du diariste. L’auteur de la cinquiĂšme Ă©pĂźtre, jouant devant les siens au vieil oncle, leur adresse une harangue mi-sentencieuse mes chers enfants », mi-facĂ©tieuse ĂŽ mioches ! » dont le ton va et vient entre hauteur solennelle et familiaritĂ© bonhomme. L’enchĂąssement des discours l’oncle parle de lui tantĂŽt Ă  la premiĂšre, tantĂŽt Ă  la troisiĂšme personne, les figures et autres tournures rhĂ©toriques accumulĂ©es sur cette page mĂ©taphores, anaphores, prĂ©tĂ©rition, prosopopĂ©e mettent le propos Ă  distance43. Le sujet Ă©crivant se dĂ©place ici vers une fable qui transpose le sentiment exacerbĂ© dans un registre ludique, mais qui sonne tout de mĂȘme un peu faux sous l’allure enjouĂ©e percent l’effort et la pose. Sand supprima ce passage en 1837, jugeant sans doute que tant d’apprĂȘts contrariaient l’impression d’immĂ©diatetĂ©, de spontanĂ©itĂ© attendue d’une lettre. 44 Ibid., 298 extrait d’Histoire de ma vie V, 7. 45 OA., II, 1448 variante 735 b. On pense Ă  l’Exegi monumentum d’Horace Odes, III. 20Il est clair pourtant qu’il n’y a plus de vraie lettre » dĂšs lors que des manipulations textuelles accompagnent publication et rééditions. Or la mutation de la lettre en Ă©pĂźtre reste le point aveugle des commentaires fournis par Sand ultĂ©rieurement Je sentais beaucoup de choses Ă  dire, et je voulais les dire Ă  moi et aux autres »44 – comme si dire » ces choses » et les divulguer revenait au mĂȘme. Publier permet en rĂ©alitĂ© d’objectiver plus encore l’écriture intime. Deux complĂ©ments donnĂ©s en 1837 au numĂ©ro V vont dans ce sens en authentifiant la lettre janvier 1835 » ordonne sa rĂ©daction Ă  la temporalitĂ© externe du calendrier, À François Rollinat » livre l’identitĂ© civile du destinataire. Mais que ce nom renvoie Ă  un rĂ©fĂ©rent rĂ©el, jusqu’alors masquĂ© sous le pseudonyme Paul », n’est pas l’essentiel. Le nom vaut surtout brevet de littĂ©raritĂ©, il rapporte le texte Ă  la catĂ©gorie des Ă©pĂźtres François s’inscrit dans la cohorte des amis cĂ©lĂšbres Auguste, MĂ©cĂšne ou moins illustres Lucilius, Lollius, Julius Florus etc. qu’Horace honora de ses missives versifiĂ©es. Passer de la revue au livre, support moins Ă©phĂ©mĂšre, concourt au mĂȘme effet qui est d’assurer Ă  l’écrit privĂ© une audience Ă©tendue et durable, non tant pour le plaisir d’exhiber l’intime que pour neutraliser le poison qu’il recĂšle. Ériger la lettre en monument »45, en mĂ©morial ouvert Ă  tous, permet au scripteur de se dessaisir d’un trop plein de particulier. 46 Ibid., 1460-1461 variantes 775 a, 776 a. 47 La variante 771 b remplace Paul » par vieux », qui dans le contexte Ă©quivaut presque Ă  ami » ... 21L’examen des appellatifs fournit des indices concordants. Leur emploi atteste la mĂȘme stratĂ©gie, qui met le discours personnel Ă  distance. Logiquement, le Paul » opaque de la premiĂšre version s’efface Ă  prĂ©sent derriĂšre François » Rollinat dans les apostrophes Ă©maillant le texte46, mais plusieurs retouches prĂ©fĂšrent tout de mĂȘme interpeller l’ami la variante 772 b remplace En vĂ©ritĂ©, Paul » par En vĂ©ritĂ©, ami », la variante 776 b substitue Mais toi, ami » Ă  Mais toi, Paul »47. L’épĂźtre veut en effet un mixte de particulier et de gĂ©nĂ©ral tout en individualisant le destinataire, elle gĂ©nĂ©ralise suffisamment son propos pour l’arracher Ă  la personnalitĂ© exclusive, de sorte que l’échange amical puisse valoir pour tout lecteur au grĂ© de ses propres attentes tĂ©moignage, soulagement, soutien. On relĂšve de surcroĂźt l’apostrophe Pylade » cette marque de connivence semble rĂ©servĂ©e Ă  l’intĂ©ressĂ©, mais elle invite aussi le lecteur quelconque Ă  entrer de plain-pied dans l’échange, car la rĂ©fĂ©rence culturelle Euripide, Racine accroche la relation Sand-Rollinat Ă  un exemple illustre, parangon prestigieux d’amitiĂ© parfaite, modĂšle ayant traversĂ© le temps. Alterner de la sorte François », ami » et Pylade » permet bien sĂ»r d’éviter les rĂ©pĂ©titions mais aussi de conforter l’appartenance des Lettres du Voyageur au genre Ă©quivoque message publiĂ© ou dĂ©claration publique ? de l’épĂźtre. Cet apparentement mĂ©nage une place au nouveau recueil dans un champ littĂ©raire oĂč le branle-bas romantique n’a pas balayĂ©, loin s’en faut, les rĂ©fĂ©rences classiques. Inscrire ses propres missives dans une tradition vĂ©nĂ©rable mĂ©rite bien l’effort de ces bricolages textuels
 48 J. Rousset, Le Lecteur intime de Balzac au journal, Paris, JosĂ© Corti, 1986, p. 142. 49 G. Sand, Histoire de ma vie, OA., II, 298 [
] j’en Ă©tais si vivement prĂ©occupĂ©e, que j’avais be ... 22Que conclure de l’équation Ă  quatre termes lettre, Ă©pĂźtre, autobiographie, journal qui vient de nous arrĂȘter ? Les Lettres d’un voyageur ne cĂŽtoient peut-ĂȘtre la forme du journal que pour mieux esquiver la pratique d’un journal vĂ©ritable. L’écriture adressĂ©e, et de plus divulguĂ©e, permet de dĂ©ployer l’intime tout en le dramatisant sous le regard d’autrui Ă  une Ă©poque oĂč il n’est pas d’usage de publier son journal intime48, ce biais permet Ă  Sand de ne pas Ă©crire de soi rien que pour soi. L’argument du voyage je vous Ă©cris d’ailleurs donne certes une lĂ©gitimitĂ© littĂ©raire aux confidences, mais l’alibi permet aussi de se dĂ©rober Ă  l’assignation identitaire je ne suis pas toute oĂč l’on me croit, comme quoi le voyageur Ă©tait moi, et comme quoi il n’était pas moi ». En effet, quoi qu’affirme aprĂšs coup Histoire de ma vie, la quĂȘte de son identitĂ©, l’exploration de son individualitĂ© » en train de se faire »49 n’est peut-ĂȘtre pas le principal objet de ces textes oĂč l’auteur se fuit autant qu’elle se cherche. Il lui faut se sauver, au double sens du terme. DĂšs lors, rendre compte des dispositions successives de mon esprit », ce plan » prĂ©conçu ou reconstruit aprĂšs coup ? tourne court, l’écriture autocentrĂ©e prend des directions centrifuges, et le recueil se disperse mais qui le regrettera ? Notes 1 Publiques au lieu de publiĂ©es pour celles IV, V, VI, IX qui ne sont pas simplement des lettres confidentielles mises Ă  la disposition des tiers Sand a rĂ©organisĂ© le matĂ©riau originel. 2 À la diffĂ©rence des trois premiĂšres lettres, que Sand destine d’emblĂ©e Ă  la Revue des Deux Mondes bien qu’elle les fasse transiter par Musset, les numĂ©ros IV, V, VI Ă©manent d’envois privĂ©s que l’auteur rĂ©affecte aprĂšs coup Ă  une publication littĂ©raire. 3 B. Diaz, L’Épistolaire ou la PensĂ©e nomade, Paris, 2002, PUF Écriture. 4 Ibid., p. 90. 5 Ibid., p. 158. 6 Voir notre Ă©tude des diverses fonctions rhĂ©toriques, pragmatiques, psychologiques du destinataire amical L’ami dans les Lettres IV, V, VI, IX », communication faite au colloque Les Lettres d’un Voyageur de George Sand un traitĂ© de poĂ©tique romantique », UniversitĂ© Stendhal-Grenoble III, juin 2004, Ă  paraĂźtre dans la revue Recherches & travaux. 7 G. Sand 1970-1971, ƒuvres autobiographiques [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en OA., suivi du numĂ©ro de tome en chiffres romains et du numĂ©ro de page en chiffres arabes], G. Lubin Ă©d., Paris, Gallimard La PlĂ©iade, 1970-1971, 2 vol., t. I, p. 7. 8 Ibid., II, 298-300. Les dates indiquĂ©es par cet extrait sont exactement celles inscrites en tĂȘte des Lettres d’un Voyageur IV et V. 9 Le 5 dĂ©cembre 1834, Sand cĂšde Ă  Buloz la propriĂ©tĂ© de ses Ɠuvres posthumes qui se composeront de 4 ou 5 volumes de mĂ©moires ». Voir G. Sand, Correspondance [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en C., suivi du numĂ©ro de tome en chiffres romains et du numĂ©ro de page en chiffres arabes], G. Lubin Ă©d., Paris, Garnier, 1964-1991. 10 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil PoĂ©tique, 1975, p. 14. 11 OA., II, 739-740. 12 Ibid., 752. V. Alfieri, La Vie de Victor Alfieri Ă©crite par lui-mĂȘme et traduite de l’italien par M*** 1809, Paris, Nicolle, 2 vol. 13 C., II, 591. 14 Voir l’étude signalĂ©e en note 6. 15 M. Blanchot, Le Livre Ă  venir, Paris, Gallimard Folio-Essai, 1975, p. 254. 16 OA., II, 793. 17 Ibid., 741. 18 Ibid., 751. 19 Ibid., 669. 20 Ibid., 673-674. 21 Ibid., 874-879. 22 Ibid., 1448 ce paragraphe de la Revue des Deux Mondes disparaĂźtra dĂšs l’édition Bonnaire 1837. Notre Ă©tude de ces variantes repose sur l’édition de G. Lubin OA., II dont elle adopte la numĂ©rotation. 23 B. Diaz, L’Épistolaire ou la PensĂ©e nomade, p. 75 et 90. 24 Voir la lettre du 14 dĂ©cembre 1853 Ă  Éliza Tourangin, C., XII, 196. 25 OA., II, 740. Les lettres IV, V, IX comme VI et X se prĂ©sentent doublement fragmentĂ©es les sections dĂ©limitĂ©es par l’unitĂ© de destinataire Rollinat et NĂ©raud pouvant alterner se subdivisent en segments selon les jours, les heures ou les lieux. 26 Ibid., 752. 27 Imitation approximative du protocole Ă©pistolaire. 28 OA., II, 1447-1448 variante 735 b. L’italique est de Sand. 29 Ibid., 1454-1 456 variante 757 a. 30 Pour le dĂ©tail des copies l’autographe ayant disparu et des interprĂ©tations, voir l’Introduction de Georges Lubin au Journal intime, OA., II, 947-951. 31 Voir Diaz qui rĂ©capitule la discussion dans Sand et Musset Le Roman de Venise, Diaz Ă©d., Arles, Actes Sud Babel, 1999, p. 539-540 et 545-546. 32 C., I, 175-261 lettres Ă©chelonnĂ©es du 11 octobre au 14 novembre 1825. 33 OA., I, 8. 34 Voir note 7. 35 OA., II, 962 Journal intime. 36 Ibid., 589 Sketches and Hints. 37 Ibid., 963 Journal intime c’est moi qui, par l’italique, souligne la similitude entre cette citation et la suivante. 38 Ibid., 751. 39 Ibid., 962-966. 40 Ibid., 966-967. 41 Ibid., 958-962. Exemples analogues ibid., 954 et 967-968. 42 Ibid., 960. 43 Ibid., 1457 variante 760 a. 44 Ibid., 298 extrait d’Histoire de ma vie V, 7. 45 OA., II, 1448 variante 735 b. On pense Ă  l’Exegi monumentum d’Horace Odes, III. 46 Ibid., 1460-1461 variantes 775 a, 776 a. 47 La variante 771 b remplace Paul » par vieux », qui dans le contexte Ă©quivaut presque Ă  ami » voir l’étude signalĂ©e en note 6. 48 J. Rousset, Le Lecteur intime de Balzac au journal, Paris, JosĂ© Corti, 1986, p. 142. 49 G. Sand, Histoire de ma vie, OA., II, 298 [
] j’en Ă©tais si vivement prĂ©occupĂ©e, que j’avais besoin de l’examiner et de la tourmenter, pour ainsi dire, comme un mĂ©tal en fusion jetĂ© par moi dans un moule ». Auteur

lettre de george sand Ă  alfred de musset pdf